« Des Titans sont descendus des étoiles. À coups de poing et de pied ils fracassent nos gratte-ciel, nos édifices publics et nos monuments historiques ; nos réseaux ferroviaires et routiers, nos ports maritimes et nos aéroports, nos cosmodromes... »

Ainsi débute ce voyage dans les ténèbres les plus profondes, faisant table rase des temps présents pour nous emmener au seuil de l'éradication de l'Homme. Dans ce roman inclassable, Christophe Lartas nous fait vivre, avec une force d'évocation rare, ce que pourrait être la fin de notre monde. Devenus les pensées et les yeux d'un narrateur anonyme, nous assistons à l'oeuvre démentielle et grandiose de monstres inouïs arrachés à la noirceur du cosmos, si proches de nous pourtant. De cette odyssée à travers la mort nous sont dressés d'insoutenables tableaux, de visions déliquescentes à l'onirisme cru en fresques cauchemardesques dignes de Jérôme Bosch. Dans cette comédie non pas divine mais définitivement trop humaine, les cercles d'un enfer de sang et de feu sont innombrables et les abîmes blancs du purgatoire et du paradis hypothétiques.

Étude de l'âme humaine, de ses aspects les plus noirs à ses aspirations les plus nobles, Planète des ombres est un sommet d'horreur fantastique unique en son genre, questionnement puissant sur la place de l'Homme dans l'espace et dans le temps.

Dans le sillage fantasmagorique de Poe, de Lovecraft et Kafka, Christophe Lartas poursuit avec toute la lenteur que cela requiert l'élaboration d'une oeuvre très personnelle qui se moque royalement des exigences commerciales, des tendances et des usages littéraires de ces temps, ou des goûts du public.