Fille de laboureur née dans un hameau placé dans la dépendance de Creil, à douze lieues de la capitale, débrouillarde et opiniâtre en dépit d'une éducation limitée, Marie-Victoire Monnard (1777-1869) est sur le point d'entrer dans sa treizième année quand elle est envoyée en apprentissage à Paris:«Je voulais être marchande de bonnets piqués et non pas de porcs».Dans ses souvenirs de jeunesse racontés d'une plume spontanée, simple et vivante, elle évoque aussi bien les anecdotes de son enfance paysanne que les événements révolutionnaires dont elle fut le témoin oculaire, des insurrections populaires aux convois de guillotinés, des mouvements de solidarité aux massacres. Entre franchise et naïveté, sans stratégie narrative ni complaisance, ses observations renseignent sur cette frange du peuple qui a vécu la Révolution sans mener la danse.
À la toute fin du XVIII? siècle, Johann David Wyss, pasteur à Berne, écrit une «robinsonnade» inspirée du célèbre Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe. Publié en 1812, Le Robinson suisse, roman vivant et drôle, connaît un grand succès. Il raconte l'histoire d'un couple et de ses quatre garçons qui échouent sur une île déserte. Jour après jour, ils tentent non pas d'inventer un nouveau mode de vie mais de reconstruire, progressivement, un quotidien semblable à celui qu'ils ont perdu, en mettant en évidence chacune des valeurs qui le porte.Cette fiction propose une expérience d'«ensauvagement» qui trouve de nombreux échos dans notre monde contemporain. La famille helvète ressemble soudain aux candidats d'un jeu télévisé placés sur une île exotique pour «survivre» mais aussi aux protagonistes des séries catastrophes...Par ce texte d'une singulière modernité, J. D. Wyss offre un regard éclairant et critique sur nos robinsonnades post-modernes.
Madame Roland naît en 1754, fait des études brillantes, épouse un financier du roi:ces prémices aboutissent en général à un salon bourgeois. Elle eut un salon. Elle y rencontra l'Histoire, et l'Histoire ne la lâcha plus. Roland de la Platière, son mari, devint ministre de l'Intérieur, alors elle put penser qu'elle triomphait, et avec elle l'idéal révolutionnaire:Plutarque, les stoïciens, la justice, l'égalité, la vertu. Mais le vent tourna. Les Girondins avaient tous fréquenté chez elle:elle fut suspecte comme eux, et comme eux condamnée. Toute la Révolution défile dans ces Mémoires avec ses frémissements et ses violences.
Dans les Mémoires d'Outre-Tombe, Chateaubriand écrit :
« Voilà qu'en poétisant je rencontrai une jeune femme assise au bord du Gave. [...] Il se trouva que l'inconnue était une Occitanienne, qui m'écrivait depuis deux ans sans que je l'eusse jamais vue : la mysté- rieuse anonyme se dévoila. J'allai rendre ma visite respectueuse à la naïade du torrent. » Vouant un véritable culte à l'auteur du Génie du Christianisme, Léontine de Villeneuve, comtesse de Castelbajac (1803-1897) entre- tint pendant plusieurs années une correspondance tout aussi secrète qu'enfiévrée avec François-René de Châteaubriand.
À la mort de ce dernier, meurtrie par un passage des Mémoires d'Outre-Tombe jugé dénaturer la vérité la concernant, « l'Occitanienne » décida d'opposer à ce récit « bizarre » les lettres adressées par l'écrivain.
Ses Mémoires, dédiés à l'évocation de son enfance et de sa jeu- nesse dans le Tarn sous l'Empire et la Restauration, tout autant que ses Confidences assorties de soixante-dix lettres de Chateaubriand, témoignent de sa grande vivacité de plume et d'esprit.
Napoléon n'a jamais cessé d'être un objet de fascination. On parle de lui ; on le fait parler; on interprète les énigmes de sa vie, où les faits éclatants ne sont pas toujours moins mystérieux que les points réputés obscurs. On sait tout de lui - et à peu près rien; d'où, transparent et insaisissable, son mythe. C'est qu'il parle peu. Entendre sa voix, vivre au jour le jour dans l'intimité de l'empereur, assister à son lever, à ses colères, à son divorce, percevoir, d'un grand homme, moins ce qui est grand que ce qui est homme - commun, quotidien, émouvant dans cela même qui le fait plus vivant et plus semblable à nous: cette chance unique a un nom, Constant.
Introuvables depuis fort longtemps, voici les Mémoires de celui qui fut son compagnon de chaque instant. Valet de chambre de l'empereur, Constant fut à la fois son secrétaire et son confident. Voici, derrière ses souvenirs, le journal intime de Napoléon.
Née à Paris en 1752 d'un père roturier, Madame Campan entre à la Cour à quinze ans et devient lectrice des filles cadettes de Louis XV. Dotée d'un tempérament vif et déterminé, elle est nommée en 1774 première femme de chambre de Marie-Antoinette qu'elle servira jusqu'en 1792. Attentive, observatrice, intelligente, Madame Campan partage non seulement l'intimité de la reine, mais aussi de nombreux secret d'état. De fastes de Versailles à la fuite à Varennes, elle se trouve aux premières loges d'évènements qui s'apprêtent à bouleverser la France et l'Histoire.
Sur un ton inimitable, bienveillant ou virulent, Madame De Campan raconte ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, ce qu'elle sait.
Un trésor inépuisable de vérités et de détails, grâce auquel ses Mémoires demeurent un témoignage unique sur l'Ancien Régime, la Révolution, la vie quotidienne et la personnalité de Marie- Antoinette.
«Lors de notre départ j'avais douze ans à peine; mais, par suite de l'éducation sérieuse que j'avais reçue et après bien des malheurs de famille dont j'avais ressenti le contrecoup, j'étais plus formée et plus intelligente qu'on ne l'est ordinairement à cet âge. Nous fîmes nos préparatifs de voyage, et, peu de temps après, nous nous balancions sur le pont du joli navire la Maria Fidela, qui déployait ses voiles pour la première fois depuis sa construction, pour commencer un des plus longs et des plus pénibles voyages. C'était vers la fin de 1869. Oh! combien ce jour est présent à ma mémoire!»Ce texte inédit est le récit anonyme d'une jeune aristocrate espagnole, née en 1858, qui quitte Cadix pour Saïgon où son père est nommé Consul. Et voilà la petite fille devenir femme, découvrir la Cochinchine, s'émerveiller devant cet autre monde, ses coutumes et ses paysages. Mais soudain son ciel s'assombrit, les colonisés se révoltent, elle perd un enfant, puis son époux, un officier français. Le navire qui ramène Florinda en Europe fait naufrage et voilà notre héroïne confrontée aux plus grands périls.Ce récit autobiographique nous plonge dans l'Indochine française et ses multiples paradoxes; d'abord semblable à un naïf guide de voyage, il devient l'écriture d'un destin de femme du XIX? siècle.
Napoléon n'a jamais cessé d'être un objet de fascination. On parle de lui ; on le fait parler ; on interprète les énigmes de sa vie, où les faits éclatants ne sont pas toujours moins mystérieux que les points réputés obscurs. On sait tout de lui - et à peu près rien ; d'où, transparent et insaisissable, son mythe. C'est qu'il parle peu. Entendre sa voix, vivre au jour le jour dans l'intimité de l'empereur, assister à son lever, à ses colères, à son divorce, percevoir, d'un grand homme, moins ce qui est grand que ce qui est homme - commun, quotidien, émouvant dans cela même qui le fait plus vivant et plus semblable à nous : cette chance unique a un nom, Constant. Introuvables depuis fort longtemps, voici les Mémoires de celui qui fut son compagnon de chaque instant. Valet de chambre de l'empereur, Constant fut à la fois son secrétaire et son confident. Voici, derrière ses souvenirs, le journal intime de Napoléon.
Julie Manet (1878-1966) est la fille de Berthe Morisot et la nièce d'Édouard Manet. On connaît son visage et sa silhouette car toute sa vie elle posa pour sa mère et pour de nombreux peintres impressionnistes. Julie Manet était au coeur de la vie artistique et littéraire parisienne de la Belle Époque. Son Journal (1893-1899) est une mine et lève le voile sur d'innombrables aspects captivants de la vie des Impressionnistes.
Le grand philosophe allemand Arthur Schopenhauer (1788-1860) fit avec sa famille un voyage en Europe de 1803 à 1804 quand il avait quinze ans.
Arthur tient quotidiennement un journal, écrivant pêle-mêle anecdotes et réflexions sur trois gros cahiers. Le Journal de voyage témoigne d'une vive sensibilité artistique et d'une curiosité insatiable.
L'adolescent observe tout : à Londres, à Paris, à Toulon, à Genève, il note les paysages, les monuments, les spectacles, les restaurants (à la fin du journal figure une liste des restaurants fréquentés avec des appréciations allant de «mauvais» à «très bien»). Le Journal de Schopenhauer, c'est un peu celui de Candide, sans les intentions plumitives de Voltaire. Car, ce qui caractérise ces pages, c'est une absence de préjugés, un regard neuf sur le monde.
Document étonnant sur l'Europe où chacun recommence à voyager après les troubles de la Révolution, le Journal de voyage est indispensable pour connaître la formation de l'un des plus grands esprits de l'ère nouvelle. Ajoutons que la lecture en est très plaisante.
Dix jours qui ébranlèrent le monde de l'Américain John Reed (1887-1920) retrace avec une intensité et une vigueur extraordinaires les premières journées de la révolution russe d'Octobre 1917. John Reed parcourt en toute liberté Petrograd, la « capitale rouge », recueille les analyses des principaux acteurs politiques et écoute le peuple de Petrograd dans les cercles qui se formaient sur les places publiques, à la porte des boulangeries, à l'intérieur des casernes. Plus qu'une simple énumération des faits ou un recueil de documents, John Reed propose une série de scènes vécues, des tableaux pris sur le vif. De retour aux États-Unis, il rassemble l'essentiel de ses observations et revit, dans l'urgence, cette aventure humaine dont il apparaît encore aujourd'hui comme l'un des témoins les plus proches. C'est aussi un texte fondateur du journalisme littéraire. Aventurier, reporter, observateur et acteur révolutionnaire communiste, John Reed a fourni de ces événements un témoignage qui confine au roman historique tant sa prose enlevée est prenante de vie et d'humanité.
La mort de Louis XVI, la captivité de la famille royale au Temple, le mystère Louis XVII : cette suite d'événements où l'histoire touche au mythe est par elle-même légendaire. Pour les connaître dans leur réalité quotidienne, il faut retourner aux rares pièces authentiques. Voici donc rassemblés ici trois témoignages majeurs : ceux de Cléry, le valet de chambre du roi, d'Edgeworth de Firmont, le confesseur du roi, enfin de la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, seule survivante du drame qui fit périr sa famille.
Grâce à ces textes, nous pouvons revivre heure par heure, et comme si nous y étions, l'un des épisodes les plus émouvants de l'histoire de France.
Née en 1652, arrachée, à dix-neuf ans, à son Palatinat natal pour être mariée au frère de Louis XIV, Charlotte-Élisabeth étonna la cour par ses façons rustiques et ses propos cocasses mais sut gagner la sympthie du roi. Ni l'indifférence courtoise de Monsieur, ni les intrigues des courtisans, ni, plus tard, la mise à sac de son pays d'origine par les troupes françaises ne lui firent oublier ses devoirs.
Mais, quand Louis XIV obligea Philippe d'Orléans à épouser une de ses bâtardes, elle osa un esclandre et vécut désormais à l'écart.
Ses joies et ses peines, Liselotte les confia chaque jour à ses parents d'Allemagne dans des lettres qui forment la chronique la plus dense, la plus animée et sans doute la plus véridique du règne de Louis XIV.
Marie-Antoinette est une femme politique. Elle possède ses propres conseillers et conseillères, notamment la princesse de Lamballe, fidèle surintendante de sa Maison ; ses relais au sein de la classe politique nouvelle, jouant parfois double-jeu tels Mirabeau, Barnave, La Fayette ou Dumouriez ; et des liens constants avec l'étranger où résident proches amis et princes couronnés membres de sa famille.
Cette activité politique nécessite un dense réseau d'espionnage, qui sonde l'opinion publique et les débats de l'Assemblée nationale, renseigne sur les actions des adversaires, qu'ils soient libellistes, courtisans, politiques, et transmet les multiples messages vers l'extérieur du palais.
Catherine Hyams, aristocrate anglaise élevée en France, est l'une de ces espionnes de Marie-Antoinette. Attachée à la princesse de Lamballe, elle multiplie les missions au service de sa majesté, depuis les débuts du règne jusqu'au 2 août 1792, quand elle quitte définitivement la France pour s'installer en Italie, où elle épouse le comte vénitien de Broglio Solari.
Ces mémoires inédits depuis deux siècles, publiés en 1826, racontent une vingtaine d'années de règne de manière vivante, parfois vibrante, et restituent au mieux cette atmosphère fièvreuse et ces activités rocambolesques qui entourent Marie-Antoinette.
Couvrant près de soixante-dix ans, les Mémoires de la comtesse de Boigne occupent une place à part dans la littérature de souvenirs, ne serait-ce que par la richesse de leur information et la qualité exceptionnelle de leur style.
Document irremplaçable sur toute la période qui va des dernières années de l'Ancien Régime à la révolution de 1848, ces Mémoires ont fait de la comtesse de Boigne, depuis leur première publication en 1907, un personnage quasi mythique. Elle passe pour le caustique avocat du diable de tous les procès en canonisation de ses contemporains, la plus célèbre de ses victimes étant Chateaubriand. Ces Mémoires sont également l'oeuvre d'une extraordinaire psychologue, impitoyablement lucide, qui démonte les rouages d'une société qu'elle a si bien observée et dénonce sans relâche la bêtise de sa classe sociale.
Proust, qui en fut l'un des premiers lecteurs, s'enthousiasma pour les Mémoires de la comtesse de Boigne dont il salua la publication et dont il s'inspira directement pour son oeuvre personnelle.
L'aspect le plus original des Mémoires de la baronne d'Oberkirch réside sans doute dans le tableau fidèle qu'elle nous donne d'abord de la vie au XVIIIe siècle dans une province française au statut très particulier : l'Alsace, son pays natal.
Elle nous raconte avec fraîcheur et esprit ses séjours à Strasbourg - le Strasbourg de Goethe et du cardinal de Rohan -, et ses visites à la cour de Montbéliard où la princesse Dorothée de Wurtemberg était son «amie de coeur». C'est pour retrouver celle-ci, devenue grande-duchesse de Russie et qui faisait en France un voyage semi-officiel avec son époux, que Madame d'Oberkirch se rend pour la première fois à Paris, en 1782. Elle rédige alors son journal qui est la partie la plus célèbre des Mémoires. Tous les historiens des moeurs avant la Révolution connaissent cette chronique savoureuse où défilent rois et princes, gens de lettres et magiciens, coiffeurs et modistes. Les anecdotes alternent avec les récits et les mots historiques. Comme elle le dit elle-même : «L'histoire se compose aussi de ces détails ; ils peignent l'époque».
« [...] une fois ou deux je demandai à ce geôlier un peu d'eau chaude pour me laver. «Cela n'a pas le sens commun, m'avait-il répondu, rien ne peut vous sauver des mains du bourreau, et comme elles sont fort sales, vous n'avez pas besoin de vous laver». » Témoins privilégiés de la Révolution à Paris, toutes deux prisonnières ayant survécu à la Terreur, Louise-Emmanuelle de Châtillon, princesse de Tarente (1763-1814) et Grace Dalrymple Elliott (1758?-1823) fréquentèrent deux courants distincts de la noblesse française. La première, tout entière consacrée à sa charge de dame d'honneur de Marie-Antoinette, évolua dans une société de cour farouchement anti-orléaniste. La seconde, Écossaise et proche amie du duc d'Orléans, côtoya la faction de ceux qu'unissait une commune hostilité au régime et à la cour. À la fois complémentaires et d'une grande valeur documentaire, leurs témoignages saisissent par le climat incessant de peur, de flambées de violence, de menaces et de mesures expéditives dont ils se font l'écho.
Surnommé, à l'instar de Carême, « le roi des cuisiniers, le cuisinier des rois », Auguste Escoffier (1846-1935) est le père de la cuisine à la française. Il passe pour avoir inventé le travail par « brigade » : les différentes parties d'une cuisine ont chacune un chef à leur tête, lequel a sous ses ordres un premier et plusieurs commis. Cela impose une organisation à la cuisine, avec des recettes spécifiques, mêlant tradition et originalité. Même dans les moments de grande presse, ce système permet à Escoffier de rester « toujours suprêmement calme ». En 1883, le chef rencontre César Ritz, et le duo va révolutionner définitivement la cuisine et l'hôtellerie, au Savoy, au Ritz, puis au Carlton de Londres : c'est la naissance des « palaces » modernes.
Auguste Escoffier a laissé des souvenirs, notes longtemps éparpillées qui ont été rassemblées par son fils, Paul, à sa mort en 1935. Récit autobiographique classique suivant les grandes étapes d'une carrière de cuisinier réformateur, ces Souvenirs culinaires contiennent aussi des recettes, des menus, et des remarques sur les saveurs et les ingrédients. Un texte de vie et de cuisine, qui donne à voir aussi bien la salle à manger que les coulisses d'un palace, et qui souligne les idées modernes et humanistes d'un chef qui est également un philanthrope.
Fils d'un marchand de toile du Nord, Adrien Jean-Baptiste François Bourgogne (1785-1867) s'engage dans les vélites de la Garde impériale le 24 janvier 1806 et participe aux campagnes napo léoniennes (Allemagne, Autriche, Espagne, Portugal).
En avril 1812, Bourgogne est nommé sergent, et prend part avec ce grade à la campagne de Russie de juin 1812 à novembre 1813. De la prise de Moscou au passage de la Bérézina, il fait l'extraordinaire récit d'une des plus terribles tragédies de l'his toire militaire. Adoptant le point de vue des plus humbles, il raconte une campagne jalonnée de souffrances inouïes qui coû ta la vie à quatre cent mille soldats.
C'est en 1853, à la retraite, qu'Adrien Bourgogne termine ses mémoires commencés en 1813, lors de sa captivité en Prusse. Ils pa raissent dans La Nouvelle Revue rétrospective, donnant un témoi gnage sur la campagne de Russie du point de vue du soldat français, et participant ainsi à l'édification de la légende napoléonienne.
C'est la langue allemande et non le russe qu'étudie Jules Legras à l'École normale supérieure. Mais ce germaniste, né en 1866, regarde plus loin à l'Est et dès 1892, il part découvrir la Russie et y apprendre sa langue pour devenir l'une des grandes figures des études françaises du monde slave.
Sa rencontre avec la Russie a lieu loin des fastes des cercles aristocratiques si souvent décrits par les voyageurs français.
Jules Legras s e confronte à l'âme russe véritable, celle des moujiks, celle qui est victime de famine, celle qui affronte les injustices.
L'auteur dans ce journal imagé éclaire ces descriptions sans fard de cette société par une galerie de portraits d'intellectuels et d'écrivains (Tourgueniev, Tchekov, ou Tolstoï...) qui donne à son récit une formidable originalité.
De 1879 à 1939, l'abbé mugnier a tenu un journal soixante ans de vie sacerdotale et mondaine de celui qu'on a pu appeler le " confesseur des duchesses ".
Dans les salons parisiens les plus huppés, l'abbé mugnier offrait pourtant l'aspect déconcertant d'un curé de campagne, avec ses gros souliers carrés et sa soutane élimée. il s'était imposé par les qualités les moins faites pour réussir dans un tel univers : la modestie, la sensibilité et la fraîcheur d'âme. mais il admirait cette société et aimait plus encore la littérature. les grands écrivains français (...
Et les autres) se retrouvent dans ce journal. ils sont tous là, mêlés aux gens du monde, aux hommes politiques. c'est le " temps retrouvé ", le monde de proust qu'évoque jour après jour ce journal, document irremplaçable, et merveilleux roman de moeurs.
Le comte de Bussy-Rabutin, Grand du royaume de France né en 1618, cousin de Mme de Sévigné, avec laquelle il partage passion et talent pour l'écriture épistolaire, a guerroyé à travers l'Europe à la tête de son régiment, a survécu à la Fronde et aux complots les plus divers, puis vit l'existence des courtisans auprès du vieillissant Louis XIII et du jeune Louis XIV. Il passe cependant ses trente dernières années en Bourgogne, exilé dans son château par le roi après avoir été embastillé quelques mois, le monarque n'ayant supporté ni son amitié avec Fou- quet ni les railleries libertines émaillant l'Histoire amoureuse des Gaules, qui le campaient en Jupiter séducteur. C'est là, dans son «petit Versailles bourguignon», que Bussy-Rabutin écrit ses Mémoires.
Son style est élégant, précis et vivant. Ce ton et cette inspiration le conduisent à décrire de façon personnelle ses aventures, de sa Bour- gogne natale à la Cour, mais également au loin, en France ou en Eu- rope, ou alors dans le salon, le boudoir, voire le lit, de ses nombreuses conquêtes. Il conserve une plume extrêmement caustique pour ironiser sur les puissants de Versailles.
Une oeuvre de mémorialiste de premier ordre.
Lorsqu'il meurt brutalement en mer au large de l'Australie en 1904, Edouard Petit est gouverneur général des établissements français de l'Océanie mais il laisse surtout une oeuvre importante et méconnue, ce Au loin, paru en 1891, qui nous mène via la partie la plus extrême de l'Amérique latine aux îles Marquises. Sous le pseudonyme d'Aylic Marin, il fait de ce voyage un roman d'aventures dont le narrateur est son double fictif, ni expert en hydrographie, ni voyageur blasé, mais une figure aux intérêts multiples, un "curieux" s'intéressant tout autant à la faune, à l'économie, à l'histoire politique, qu'aux moeurs et coutumes des peuples rencontrés.
Si dans Au loin on partage les multiples péripéties qui ponctuent le quotidien des marins, le récit s'aventure dans les bras de mer, le long des côtes sauvages, à la rencontre des habitants oubliés des archipels perdus du Pacifique, du Chili, du Pérou et des Marquises. Et Edouard Petit d'avoir un regard particulier pour les femmes et leurs rôles dans les communautés qu'il rencontre.
Mademoiselle Avrillion fut gouvernante de Joséphine de Beauharnais. Puis de l'impératrice Joséphine. Puis de l'ex-impératrice, retirée à la Malmaison. C'est assez dire qu'elle en a vu. Beaucoup. Le petit général coléreux n'était plus, devant Joséphine et ses infidélités, qu'un soupirant désarmé ; celle-ci en usa - jusqu'aux colères de Bonaparte. Elle avait tout à y gagner : deux heures plus tard, l'amant outragé venait demander pardon.
La couronne ne fit pas renoncer Joséphine à son goût du plaisir.
Ni le divorce. Et l'on comprendra, à ces confidences allègres et indiscrètes, que le conquérant d'Austerlitz, amoureux docile très différent de l'image que nous en connaissions, ait pu écrire plus tard :
« En amour, il n'y a qu'une victoire : la fuite.»