Faire part, n° 28-29. Jean-Michel Maulpoix : d'un bleu critique
Editeur(s) : Revue faire part
La voix court le plus souvent à sa perte, mais pour Jean-Michel Maulpoix il y a cette injonction, « surveille de plus près le silence ». Ici, le lyrisme n'ignore pas l'aporie possible de l'effusion et de l'image.
La voix lyrique s'inscrit dans le discontinu, l'effacement des genres, c'est un lyrisme au souffle le plus souvent coupé, en apnée dans les mots et dans le silence.
C'est une voix basse de commencements, avec la violence d'être et de rester malgré tout dans le temps. Jean-Michel Maulpoix, tenant au présent et le retenant difficilement, intensément peut reprendre ces mots de Ludwig Wittgentein, en date du 5 avril 1951 : il est tellement difficile de trouver le commencement. Ou mieux : il est difficile de commencer au commencement. Et de ne pas essayer d'aller plus loin en arrière.
Il y a ici un désir irrémédiable de tourner la page, mais avec le vif restent des repentirs et restent insistamment quelques mots : bleu, neige, terre... adossés à l'oubli, brûlant l'oubli. Ce sont des mots qui se retirent à l'extrême pointe des pas. Sans bruit. Dans le retrait attentif. La lumière y attend, à la fois passante et coupante.
Entre rester et repartir, le lyrisme ne se relâche en rien, il se tient dans le présent, en sachant l'insupportable jaillissement et l'insupportable écoulement, le lyrisme est à l'extrême. Vif et critique.
* Sous réserve éditeur