Ecrire c'est tenter de saisir un instant, une seconde, l'aperture d'un univers enclos dans le silence. Aboutir, peut-être, miracle ou hasard, pans d'un même manteau, celui qui habille l'existence, à cette immanence de toute chose, qui n'appartient qu'à son évanescence.

C'est cette recherche, comme celle d'un temps cessé, révélé là, dans ce laps incommensurable offert par la poésie. Le langage y est dit-on objet d'un retournement, offre son reflet, pour que l'âme y contemple les possibles d'une liberté superfétatoire. Mais la source de toute cessation réside dans le mouvement.

Alors écrire contre le langage, contre soi-même, contre toute possibilité de dire, de vouloir dire, d'énoncer, c'est tenter de restituer l'envergure de l'impossible, dans cette posture entre équilibre et rupture, suffocation et inspiration, qui se veut connivence entre soi et le monde.

« Écrire, c'est répandre un sang vaniteux sur une vacuité irréductible »