Non prévu initialement, ce quatrième tome d'« Ur » & « Krur » est l'aboutissement de patientes recherches, recoupées avec celles d'éminents spécialistes de l'oeuvre évolienne tels que les professeurs Giovanni Conti et Renato Del Ponte ou l'écrivain Roberto Melchionda, et qui permettent aujourd'hui d'affirmer que les pseudonymes de Agarda et Iagla ont enfin livré leur secret : loin de désigner des collaborateurs demeurés jusqu'ici mystérieux du « Groupe d'Ur », ils dissimulaient, en fait, la personnalité d'Evola lui-même.

En complément des articles signés EA, intégralement rassemblés dans les trois précédents tomes et dont la paternité évolienne ne fait aucun doute, on trouvera donc dans le présent volume des textes du plus haut intérêt que, pour diverses raisons, Evola préféra cependant ne pas signer de son pseudonyme habituel : soit qu'ils présentaient une certaine incompatibilité, toute apparente d'ailleurs, avec d'autres textes de lui-même ; soit qu'ils faisaient preuve d'une indulgence qui pouvait passer pour excessive vis-à-vis des théories anthroposophiques ; soit, enfin, qu'ils relataient (dans le cas du texte intitulé Sur la loi des Etres, par exemple) des expériences trop personnelles.

Parmi les textes signés Arvo, on trouvera également dans ce dernier recueil des articles indéniablement « sulfureux » tels que La Magie des statuettes, A propos d'un oracle arithmétique, ou encore Vivification des signes et des touchers qui cite largement un opuscule du tristement célèbre Rudolf von Sebottendorf - lesquels ne manqueront pas de décontenancer certains lecteurs.

Quoi qu'il en soit, la valeur documentaire de ces monographies est évidente.

Complété par un index des noms et des matières traitées tout au long des quatre tomes d'« Ur » & « Krur », ainsi que de tous les collaborateurs (pseudonymes et noms véritables correspondants) de la revue, ce dernier recueil achève d'offrir au lecteur de langue française un tableau fidèle et sans fard de ce que fut l'expérience du fameux « Groupe d'Ur ».

Ce volume, illustré de plusieurs photos de Julius Evola prises à différentes époque de sa vie, est complété par un cinquième volume, déjà paru, qui réunit les articles d'Arturo Reghini publiés dans « Ur » et « Krur », tandis que les écrits de Guido De Giorgio sont rassemblés dans un autre volume.

Dressant un rapide bilan de cette expérience quelques années avant sa mort dans son autobiographie intitulée Le Chemin du Cinabre, Evola écrivait : « Dans l'ensemble, on peut dire qu'Introduction à la Magie est une oeuvre unique en son genre, ne serait-ce que par sa façon de traiter les problèmes d'une manière autre que celle, délirante et inculte, qui prévaut dans les conventicules et les sectes. J'estime qu'elle continuera à représenter un document et une source importante pour tous ceux qui s'intéressent à ces disciplines ».

Pour ce qui nous concerne, nous laissons au lecteur le soin de juger du bien-fondé d'une telle appréciation.