Trois recueils pour redécouvrir un poète majeur trop tôt disparu. Un poète du « quotidien » terme trop souvent usurpé par des poètes qui n'écrivent que leur quotidien. Celui d'Antonello Palumbo était nourri de tout ce que son regard retenait des gens qu'il croisait, qu'il aimait le temps d'une furtive rencontre, à qui il aurait aimé dire un mot.

Dans les poèmes de L'Horizon de nous, seul recueil publié de son vivant, C'est l'histoire d'un homme qui essaie d'écrire une histoire qui serait comprise de tous et lui ouvrirait enfin tous les possibles. Il cherche.

Dans Carnet d'un cinéphile assis sur l'horizon, cet homme arpente les salles obscures, cherche encore sur les écrans l'amour, l'amitié, la tolérance, nous invite à prendre le temps de respirer, de lever les yeux, de regarder, de rencontrer, de marcher, de boire et de manger, toutes ces choses de la vie quotidienne que l'on délaisse trop souvent.

Dans Pour l'instant une femme ne sait pas d'où elle vient / Elle ne sait pas où elle va / Elle ne sait rien / Seulement / Que les étoiles laissent sur leur sillage / Des milliers et des milliers de petites poussières. Un homme attend, Il l'attend. Elle arrive. Elle est là. Tous les mots descendent, mais chacun continue son chemin.

Avec économie, naïveté, tendresse, Antonello Palumbo parlait de cette « ultra moderne solitude » que chante si justement Alain Souchon, et c'est en cela que sa poésie continue à nous émouvoir parce que, telle une mélodie qui trotte dans nos oreilles, elle nous accompagne les jours où l'on a envie de siffler avec seulement un bruit de chaussure de femme sur le trottoir en bas et dans l'escalier un gosse qui fait l'avion, un gosse que l'on redevient en lisant ses poèmes parce qu'ils sont toujours dans l'air du temps.
Jean-Louis Massot