On raconte toujours les voyages mais jamais leur retour. C'est pourtant là que tout se joue, savoir si ça valait ou non la peine de partir, si quelque chose de nous-mêmes s'était reconnu là-bas. Le voyage se vit dans la pile de linge sale, les réponses du corps brouillé et le vide qui persiste. Les photos et les cadres arrivent souvent trop tard et sont des à-côtés. Ils ne disent rien mais dressent des palissades qui isolent.

Bénarès. Ce ne devait être que du tourisme, des photos, des souvenirs, mais ils ignoraient que, loin de quitter leurs fantômes, ils les emmèneraient avec eux. Ce qui va se passer à Vârânasî va remuer au plus profond de leur conscience ces six amis inséparables. Car ils ont atteint une autre ville, plus douloureuse, plus radicale encore. S'ils devaient lui trouver un nom dans cette géographie sensible de l'expérience humaine, ce serait quelque chose comme Bénârasî.