Tout au sud des Corbières, au bout de la route et de paysages de grand souffle, une petite tribu opiniâtre et chaleureuse régénère avec brio le culte du vin. La terre, ici, recèle des trésors mais ce sont bien les femmes et les hommes d'Embres-et-Castelmaure qui ont su les révéler. Au sein de leur cave coopérative presque centenaire, portés par un duo magique, ces paysans dans l'âme, chasseurs, gourmets, cuisiniers, boucaniers, artistes, doux rêveurs, souvent venus d'ailleurs, ont défié le destin. Ils sont mieux que les personnages d'un récit à plusieurs voix. Ils sont les héros bien en vie d'une saga.

On se rapproche ce matin de Castelmaure, ou plutôt d'Embres (ici on dit Aimbrès, avec galets sous le r), et la lumière embrase la serre majestueuse qui occulte les étangs et la mer proche. L'hiver est bleu et sec, le cers à rendre fou s'est évanoui vers le large mais c'est bien lui, vent dominant venu du nord-ouest, qui, une fois encore, a nettoyé le ciel et révèle toute la palette des gris, ocres ou verts du paysage.