Glanes précaires

Ce recueil de pensées est d'abord implicitement un éloge de la marche. L'auteur en célèbre les vertus par l'inspiration foisonnante qu'elle lui procure sur ses chemins sauvages où il a appris à se démêler du mal-être dans lequel le confinait trop l'état social actuel altéré par ce qu'il nomme « la modernité barbare. » La marche et l'atmosphère de ses cheminances l'auront déjà libéré, et quasiment à son insu, de la terrible question qui empoisonnait sa conscience : comment l'humain peut-il encore spirituellement survivre dans l'invivable du monde présent ?

Il n'en détient pas pour autant d'autre réponse que celle du merveilleux de la vie accueilli sur ses chemins et que ses « glanes » expriment comme une réplique à l'agressivité des puissances qui ont usurpé la modernité.

Cet émerveillement de vivre n'est, ni plus, ni moins « précaire » que celui de l'avenir de la modernité barbare obstinément aveugle ou indifférente aux désastres vers lesquels elle entraîne l'humanité.

Soucieux de la prise en compte de cette double précarité, Daniel K.Leroux s'est plu à classer ses « glanes » par le recours à la symbolique du Tarot traditionnel, moins pour en établir une prédiction que pour les placer sous les signes d'un « baptême cosmique » qui leur donne échos.