Grand amateur de cabinets de curiosités et d'expérimentations scientifiques, le Rochelais Elie Richard a rassemblé dans son Histoire naturelle une collection de brèves notices consacrées à ce qu'il y a de plus remarquable selon lui dans les règnes animal, végétal et minéral, sans compter les phénomènes que l'on appelle les « météores ».

Les quelque deux cents folios qui composent ce précieux manuscrit daté de 1700 sont systématiquement ornés de vignettes aquarellées, pour la réalisation desquelles Richard a mis à contribution les livres de sa riche bibliothèque scientifique, comme il l'a fait pour ses notices, prélevant ici et là, confrontant ses sources, leur apportant des corrections le cas échéant, non sans faire part de sa propre expérience.

C'est donc à une promenade parmi les textes et les images des ouvrages qui font autorité à l'orée du siècle des Lumières que nous convie cet opus. Plaisir rare : ces aquarelles, issues de gravures en noir et blanc dont certaines, reprises, modifiées, amendées, circulent depuis parfois cent cinquante ans, font du manuscrit un imagier en couleurs - des couleurs dûment choisies en fonction des précisions glanées dans les descriptions scientifiques que notre Rochelais compare. Cette Histoire naturelle est aussi, par la sélection même qu'Elie Richard opère parmi les objets du monde, par la façon dont il les présente, un excellent témoignage de l'évolution de la curiosité savante, ou, pour reprendre ses propres termes, de la belle Curiosité.