Le désir de catastrophe
Henri-Pierre Jeudy (Auteur)
Editeur(s) : Circé
Impossible de rêver le futur, le seul futur est celui de l'expectative d'un désastre. Le nouveau moralisme ambiant est fondé sur une constante anticipation du pire. Il est stimulé par des injonctions normatives, déclarées pour le Bien de tous. La polyvalence des menaces entretient un état d'alerte grandissant. Se développe alors une «éthique des responsabilités» fondée sur une heuristique de la peur. C'est parce qu'on a peur, qu'on doit être éco-responsable. À l'encontre de l'obsession trop individuelle de la sécurité dans la vie quotidienne, le discours écologique se veut avant tout communautaire. Il fait consensus parce qu'il s'évertue à poser les problèmes de l'avenir à une échelle planétaire et qu'en ce sens, il s'oppose à l'individualisme contemporain. C'est là sa puissance : il fait glisser la peur individuelle dans une peur globale. A l'organisation de la protection qui entraîne un repli sur soi, il oppose l'idéalisme d'une perspective communautaire et crée l'apparence d'une alternative idéologique en rassemblant toutes les aspirations à un contre-pouvoir. Mais on ne reconnaîtra jamais que notre imaginaire est de plus en plus habité par ce «désir de catastrophe» qui demeure inavouable.
* Sous réserve éditeur