Une jeune femme d'abord, aux premières heures de la III^e République, aussi belle qu'intelligente. Avec courage, elle impose son nom en littérature, assume deux maris et une cohorte d'admirateurs. Elle devient l'égérie de Léon Gambetta.

Esprit politique aussi, son salon la place au cœur du régime républicain né de la défaite de 1871. Juliette Adam entend rendre à la France la place que l'Allemagne lui refuse en Europe. Déterminée à rapprocher la France et la Russie, elle s'essaie à la diplomatie parallèle, s'appuyant sur La Nouvelle Revue et sur l'Association des Amis de la Russie, fondées par elle. L'alliance franco-russe conclue, elle devient la «Grande Française» qui, à l'étranger, pour ses lecteurs et amis, incarne la France telle qu'on l'y rêve.

Cassandre de la revanche, elle commence en août 1914 par applaudir la guerre. Pourtant, à la victoire, il lui faudra constater avec amertume que celle-ci n'a rien résolu. Dans une France en ruines, l'ardeur patriotique n'a plus cours et les valeurs républicaines se sont lézardées. Minée par ses contradictions, la III^e République, dont le cours se confond avec la vie de Juliette Adam, ne lui survivra que de peu.