On n'aime guère, en prison, ceux qui n'ont besoin de personne, ceux qui ne sont pas dupes, ceux qui connaissent le terrain ; ceux qui proclament - je l'ai fait - qu'ils ne sont pas ici pour être aimés, mais pour faire une peine, s'y faire tartir le moins possible et s'y faire tartir quand même.

C'est en prison qu'Albertine Sarrazin a écrit ses deux romans autobiographiques, La cavale et L'astragale. C'est là également que fut rédigé son journal, déclaration d'amour à Julien, où dominent l'introspection et la recherche de soi.

Ces nouvelles, écrites également en prison, puisent toujours aux sources de l'autobiographie, mais dévoilent un autre visage d'Albertine Sarrazin : celui de l'observatrice qui pose un regard empreint de gouaille, de légèreté et de tendresse sur l'univers carcéral qui fut son monde pendant huit ans. Compagnes d'un jour, amies de coeur ou de malheur, gardes-chiourmes détestables ou gardiennes justes, Albertine Sarrazin campe la comédie humaine à l'oeuvre dans ce huis clos qui, par la grâce de son style inimitable, devient expérience littéraire.