Le 8 février 1934, Geneviève B. épousait à Paris Alfred Angot, ingénieur agronome, directeur d'un grand domaine de l'île d'Anjouan, dans l'archipel des Comores. Débute alors une correspondance assidue avec sa soeur Paule, anthropologue au musée de l'Homme. Chronique de ces temps où la domination de la France sur son empire colonial n'était pas encore remise en question, ces lettres, écrites d'une plume alerte et savoureuse, nous plongent dans tous les détails de l'existence d'une femme de colon dans un lieu reculé, à une époque où les conditions matérielles étaient difficiles et l'isolement très grand : Geneviève s'occupe de sa maison et de ses « boys », crée un dispensaire, se penche sur la culture de la vanille et de l'ylang-ylang, se plaint de l'administration et de la politique et, surtout, noue des relations avec la population - les femmes en particulier - dont elle parle bien la langue et connaît les coutumes et qui l'élira au Conseil général des Comores. Malgré tout, peu à peu, nous voyons affleurer les ambiguïtés de la colonisation et les Angot auront, eux aussi, à affronter révoltes et revendications.