Prise d'otages...

C'est un curieux récit que nous propose ici Jean-Pierre Montaron.

Le plus surprenant est la manière dont l'auteur parvient à rendre crédible une situation qui ne devrait pas l'être, tout en procédant par touches successives dans l'accentuation d'un côté voyage au bout de la nuit.

Le livre est prenant, mais il l'est d'autant plus que, si l'auteur manie avec brio le suspense, il est aussi un fin observateur des réactions humaines. Dans cette vaste prise d'otages, conservant un aspect surréaliste, les humains maintiennent leurs comportements pleinement humains, et parfois tristement humains...

Le charme de l'écriture est aussi de procéder par tableaux, qui s'emboitent plus qu'ils ne se suivent, faisant du récit autre chose, en deçà ou au-delà qu'un simple récit : il y a de la peinture dans l'écriture de Jean-Pierre Montaron.

Et cela, indépendamment des illustrations, peintures et des collages réalisés par l'auteur, qui interviennent un peu dans le livre comme des contrepoints aléatoires.

Au XIX^e siècle, et dans la langue de Balzac, on eût sans doute dit qu'il y va là d'une curiosité, tant l'auteur y affirme un art de l'insolite, mêlé à une profonde lucidité quant à l'espèce humaine, traversée toutefois par une immense volonté d'affirmer l'importance de la tendresse...

Pierre-Yves Ruff.