2 nov[embre 1912.] Jour des morts.

Rentré le 24 [octobre]. Une[,] deux semaines de réinstallation. Flottant, hors de moi-même. Plus de forme qui me soit propre en rien. Désordre. C[ingria] chez moi. Presque désespéré pour finir; il n'y a plus d'avenir, tout est à l'image du moment présent. Et puis voilà qu'avant-hier je me suis remis par nécessité aux corrections de Samuel - il y a eu un grand dégoût à surmonter d'abord, et puis soudain l'impulsion est venue. Et comme tout vient à la fois, du même coup l'idée du «Grand Voyage» m'est venue. Entre hier et aujourd'hui j'en ai écrit le plan détaillé qui me semble assez se tenir; je vais me mettre à l'exécution dès demain.

Je me dis: courage quand même. J'écarterai de moi tout le fatras de cet été, j'enfouirai dans un carton toutes ces esquisses, toutes ces ébauches; je ferai la place nette; et je poserai au milieu la première feuille blanche devant laquelle tant d'appréhension vous étreint le coeur, mais il faut qu'elle soit avec élan surmontée, et avec confiance surmontée, si on veut être digne de soi.

Faire passer la forme dans des tons différents.