L'image récurrente du Connemara est une immense prairie glissant vers la mer.
Et tout ce vert est quadrillé d'un réseau de murets, ponctué de moutons... mais pour moi, c'est une route bleutée qui s'enfonce dans le brouillard. Et sur cette route déserte, le silence et la solitude sont nécessairement estampillés d'une silhouette lointaine plus sombre que la tourbe, celle d'un homme à pied qui va dans la direction de nulle part. L'homme du Connemara est brun noir et vert criard, avec du gris au-dessus de la tête, par endroits tachetés de bleu transparent.
Le bout du monde est aussi le bout de nous-même. C'est le pays des légendes, donc celui des origines.
Marrakech, son immense médina, apparaît comme l'archétype de toute cité d'errance : le lieu où semblent se marier la flânerie et l'aventure.
Puis, peu à peu, l'idée s'impose que la " Ville rouge " illustre un autre écoulement du temps, lent, oriental, aristocratique, différent du devenir occidental. C'est cette expérience fondamentale qui conduira les deux protagonistes de cette " topo-fiction ", l'un à regagner l'Europe, l'autre à s'enfoncer dans le continent africain en direction de ce Sud mythique dont Marrakech est le prélude volupt eux.
A Lisbonne, le fleuve n'est jamais bien loin.
Le temps d'un été, une jeune française, d'origine portugaise, découvre la ville et ses tramways, se perd dans ses ruelles, dans les lointains faubourgs, à la recherche de sa cousine. Peu à peu une ville apparaît, un quartier, une colline, des odeurs. A distance, un garçon de café les observe. Est-il de la partie ? Que fait-il exactement ? Peut-être Lisbonne ne livrera-t-elle jamais ses secrets. Peut-être la ville est-elle tout ce qu'il y a sous le ciel.
Après vingt-et-un ans de séjour en Europe, l'auteur retourne à Yaoundé, sa ville natale. Dans la chaleur nocturne et l'odeur de la poussière a pu se glisser la visitation bénie de la reine des villes. Il parcourt à pied la ville aux sept collines où une espèce de vénération, d'adoration sacrée se fait jour.
Entre Haute-Loire et Lozère, une enfance au coeur d'une campagne enclavée : la Margeride.
Une enfance merveilleuse, au sein même de la nature, qui connaîtra aussi ses drames. " L'endroit est sauvage, suspendu au sud du Massif Central, comme au bord de basculer dans l'abîme, dans cette mer qui bat nos côtes à seulement quelques encablures, après que l'on a serpenté entre collines et forêts. Ici, on éprouve parfois le sentiment d'offrir à boire au monde entier. On nous appelle même parfois le toit du monde.
Pour un peu, j'ai cru naître au Tibet, les brumes en moins ".
Si Gil Jouanard est un voyageur au long cours, il est aussi un familier du Causse, Méjan - mystérieuse " Ile dans le ciel " par laquelle l'hercynienne Lozère vient croiser au large du " Grand Midi " -, il vient ici en célébrer l'un des aspects, ou si l'on veut l'un des " coins ", les plus secrets.
Les Arcs de Saint-Pierre, avatar karstique de ce monde qui, selon Gaston Bachelard, " veut être vu " sont un des lieux littéralement magiques où la nature elle-même se fait culture. Son accès passe par les aléas labyrinthiques d'un savant brouillage de pistes initiatique !
Ce sud marocain, à la limite extrême du Sahara, constitue selon l'auteur, une certaine alliance entre la brûlure la plus ardente et la plus haute douceur - ce commencement du terrible dont Rilke nous dit qu'il est la vraie définition du beau.
Car c'est bien la proximité de ce terrible - celui du désert comme celui de l'océan - qui fait de ce pays le creuset de toute merveille ; comme elle réveille aussi en nous un certain sens du paradisiaque que l'Occident a depuis longtemps oublié.
Une île de la Bretagne du Nord où les cortèges d'herbes, de fleurs, d'oiseaux argentés et véhéments instaurent un chant mélodieux, parfois dramatique : " Ce qui constitue cette vivacité des bords de mer qui nous plaît tant à Ile Grande, c'est la présence des grands oiseaux marins, y compris parmi les plus rares puisque la Réserve des Sept-Iles a établi là sa station d'observation...
". La promenade sera " ouranienne, fluide, longue - engagée et engageante. "
Il y a une discrétion, une pudeur splendide des paysages qui ressemble bien aux gens du Nord.
Surtout dans les terres. Comme si l'horizon apprenait à tenir tête au ciel. Comme si l'étendue rendait humble. Ce n'est pas un pays qui exalte mais qui dénude et enseigne l'infiniment intime. Partout le ciel est réchauffé par la brique; sa laitance fécondera les premiers pommiers : il aura la rondeur du ventre des carpes, la blancheur du lait des vaches - on sent déjà la terre prête à reprendre le dessus.
La narratrice parcourt à vélo un petit coin de France - entre Rouergue et Quercy - c'est facile, il est fait de plaines et de collines.
Elle y retrouve des paysages. Autrefois, ils lui ont appris une langue. Celle-ci devient mémoire et raconte un lieu d'enfance, les petites gens, les marchés des quatre saisons. Les pigeo nniers se dressent fiers. Les histoires sont ordinaires. La terre du Tarn-et-Garonne semble paisible ? Il n'en est rien évidemment. Un récit entre intranquillité et jouissance, du présent au passé et des paysages aux êtres...
Des mots qui chantent une belle langue qui se savoure doucement.
C'est un coin " bien de chez nous " tel que nous le portons au fond de notre nostalgique mémoire. Ainsi le terreau de la ville fleurit-il dans les parcs, les squares, entre les pavés de Belleville, de Ménilmontant, de Vaugirard, de Bagnolet, de la Butte-aux-Cailles et de cent autres lieux constitutifs de la mosaïque " villageoise " du patchwork parisien.
" Essaouira ! Ce nom sonne dans l'air comme la lanière d'un fouet.
" Le narrateur se souvient de la ville qu'il a aimée... À l'abri de sa ceinture de remparts, l'antique Mogador apparaît comme une cité où la rencontre entre l'homme et l'élément trouve un moment d'équilibre face à l'immensité de l'océan, au vent violent, au soleil, à la haute citadelle où cognent les tempêtes d'hiver. Essaouira, blanche et solitaire, rose et bleue, deviendra cette femme voilée le jour en marocaine, écartelée entre deux mondes, orient et occident.
Pourtant l'homme décidera pour lui d'une vie nouvelle placée sous le signe de l'errance et de l'exil.
La lumière, la musique et les couleurs d´un paysage du Gers deviennent autant de prétextes à raconter la vie. Les lettres seront gersoises et comme dans une peinture, par touches, elles diront les sentiments parfois extrêmes inspirés par l´être aimé quand la distance s´étire d´un coeur à un pays.
Sceaux, dans la banlieue sud de Paris, fut l'une des premières villes de France pourvues d'un chemin de fer. L'actuelle ligne B du R.E.R., en bordure de laquelle se trouvait la maison familiale où fut élevé l'auteur, a longtemps gardé son caractère provincial. Mais qu'en est-il au juste de cette fascination que les trains exercent sur les enfants - et toujours, à peine plus secrètement, sur nombre d'adultes ?