Le texte fondateur de la philosophie moderne et de la raison occidentale. Son approche déductive, fondée sur la vérification des évidences, apporte une nouvelle architecture à l'édifice du savoir. Avec un dossier comportant des extraits commentés, organisés autour de thèmes tels que la méthode et la connaissance, la morale, la métaphysique, la physique ou encore la physiologie.
Après Montaigne, Antoine Compagnon nous invite à passer un été avec Pascal. Un siècle de différence entre les deux hommes qui sont tous les deux fondateurs de notre modernité, c'est-à-dire de la liberté d'esprit. Pascal (XVIIe siècle) comme Montaigne (XVIe siècle) traite de l'homme, de la société, de l'univers, du pouvoir, de la foi, de l'angoisse, de la mort, du jeu : le tout et le rien. Nous connaissons tous les sentences célèbres de Pascal : "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie", "Qui veut faire l'ange fait la bête", "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point".
Antoine Compagnon évoque à la fois la vie du génie Pascal (auteur du traité des Coniques), tout en allant chercher la signification de ses pensées elliptiques. Avec cette tournure d'esprit combinatoire, Pascal explore tous les possibles de la réflexion. En quarante et un chapitres (dont six inédits) il s'intéresse aussi bien à la question de la violence et de la vérité, de la tyrannie, à l'esprit de finesse, au divertissement et au juste milieu.
Antoine Compagnon nous fait découvrir l'écrivain du miracle et de la grâce dont la pensée permet de mieux nous connaitre.
Convaincu de l'innocence de Calas exécuté en 1762, Voltaire met sa plume au service de la justice pour demander sa réhabilitation. Le négociant huguenot était accusé du meurtre de son fils qui voulait se convertir au catholicisme.
Avec une ironie mordante et un style inimitable, l'écrivain plaide pour le respect des croyances et l'esprit de tolérance.
Une réflexion très actuelle sur le système judiciaire, la responsabilité des juges et les effets pervers des lois.
L'expérience d'une pensée rigoureuse ne peut se faire par procuration. Il faut se ménager du temps, du loisir et de l'attention pour enfin penser par soi-même, sans maître, sans approximation, sans préjugé, sans précipitation. Ainsi l'expérience de pensée que nous présente Descartes dans les Méditations métaphysiques n'est-elle pas simplement un témoignage exemplaire. Elle décrit et met en scène les exercices de l'esprit nécessaires pour entamer un parcours philosophique.Comme l'écrit Husserl, «ces méditations dessinent le prototype du genre de méditations nécessaires à tout philosophe qui commence son oeuvre, méditations qui seules peuvent donner naissance à une philosophie».
Composé de traductions nouvelles ou récentes, ce volume établit sur de nouvelles bases le corpus des oeuvres complètes de Spinoza et y ajoute des appendices substantiels qui apportent un précieux éclairage sur une trajectoire intellectuelle sans équivalent.
Malgré la difficulté de son « ordre géométrique », l'Éthique, oeuvre majeure de Spinoza, publiée posthume en 1677 et qui éclipse si souvent les autres traités, fascine. Comment, après avoir acquis la langue des lettrés, un latin sûr et précis, une bonne culture classique, ainsi que les outils conceptuels de Descartes, ce jeune Juif de la communauté portugaise de Hollande, exclu par les rabbins de la « Nation d'Israël » en 1656, en vient-il à quitter la voie cartésienne et à tracer son propre chemin ?
Le Traité de l'amendement de l'intellect et le Court traité (1661 ?) aident à le comprendre.
Spinoza y énonce déjà ce qui sera son fil conducteur : « rechercher s'il y aurait quelque chose qui fût un vrai bien », « qui pût se partager » et qui permette de jouir « d'une joie continuelle et suprême pour l'éternité ». Si la « manière géométrique », à laquelle il s'essaie dans les Principes de la philosophie de Descartes (1663), s'impose à lui, c'est qu'on ne démontre que le vrai, qui du même coup démontre que le faux est faux. L'homme pense, et il existe un moyen de le faire penser à coup sûr dans un certain sens : démontrer.
Avec le Traité théologico-politique (1670), Spinoza devient du jour au lendemain le prototype haï de « l'athée méchant homme », car s'il fait de l'« union en Dieu » la seule voie de la béatitude, son Dieu se distingue radicalement de celui qui n'est qu'un outil de pouvoir servant à manoeuvrer le peuple par l'espérance et par la crainte, et à le tenir ainsi assujetti.
L'Éthique, qui met le salut à portée de main, via l'intelligence, n'arrangera rien : théologiens et philosophes, comprenant qu'elle n'est qu'une autre bible, sans majuscule, s'emploieront dans toute l'Europe à en réfuter la doctrine - non sans se laisser parfois séduire par elle, chemin faisant.
La béatitude est une affaire privée, mais la concorde générale, la société heureuse, dépendent de conditions tout autres. Elles seront l'objet du Traité politique, resté inachevé, mais complément indispensable de l'Éthique.
Collection « Classiques de la philosophie » dirigée par Jean-François Balaudé Machiavel Le Prince J'ai composé un opuscule De Principatibus [Des Principats], où je me plonge autant que je le peux dans des cogitations à ce sujet, en disputant de ce qu'est un principat, de quelles espèces ils sont, comment ils s'acquièrent, comment ils se maintiennent, pourquoi ils se perdent.
Nicolas Machiavel La pensée politique moderne s'est forgée dans le fameux Prince de Machiavel (1469-1527). L'ouvrage, écrit en 1513, a été publié à titre posthume en 1532. Nourri de la riche expérience du secrétaire florentin, il apparaît à la fois comme un traité politique et une réflexion sur l'histoire, où l'on voit dégagés, à travers de nombreux exemples, la nature du pouvoir politique, les moyens de son acquisition et de sa conservation, les causes de sa perte. En anatomiste de la chose politique, Machiavel met ainsi à nu les relations entre le prince et les gouvernés (le peuple autant que les grands), le jeu des passions à l'équilibre toujours fragile, l'articulation proprement politique enfin entre «fortune» et «vertu», où vient se révéler, dans ce qu'il appelle «l'occasion», le bon prince, c'est-à-dire le prince prudent.
Cette nouvelle édition offre une traduction très précise du texte et un commentaire à la pointe des recherches actuelles sur Machiavel.
Traduction nouvelle, annotée, introduite, et accompagnée d'index, par Marie Gaille-Nikodimov.
Publié en 1998, déjà vendu à plus de 80 000 exemplaires et traduit en 10 langues, cet ouvrage passionnant, enrichi ici d'une préface inédite, a une portée universelle toujours d'actualité.Les deux auteurs mettent à profit leur savoir et leur amitié pour répondre à dix grandes questions sur notre temps. Ils cherchent ensemble ce que peut être une spiritualité laïque - une sagesse pour les Modernes.
La question centrale, celle qui contient toutes les autres : comment vivre ? Matérialisme et humanisme, quête de sens, démocratie, devoir, bioéthique, art et beauté... Tous les sujets sont abordés et commentés avec la plus grande clarté dans cet ouvrage riche et précis, dont la vivacité stimule l'esprit du lecteur à chaque page.
L'Éloge de la folie est l'un des textes les plus célèbres d'Érasme et fut un bestseller européen dès sa parution en 1511. Le savant de Rotterdam y met en scène la déesse Folie s'adressant facétieusement aux hommes pour leur montrer qu'elle gouverne le monde. "Véritable dispensatrice de bonheur", fille d'Ivresse et d'Ignorance, Folie préside à toutes les circonstances de l'existene humaine: elle rend possible le mariage, la maternité, gouverne tous les métiers, soumet les rois et les prélats à son empire.
Savoureux, comique mais aussi polémique, cet opuscule est un brillant exemple de la réinvention des formes antiques à la Renaissance.
Parangon de l'éloge paradoxal et du jeu sérieux qu'affectionnaient les humanistes, cette courte déclamation parodique joua le rôle de détonateur du vaste mouvement de la Réforme protestante.
Dans cet ouvrage fondamental rédigé en 1661 et autrefois connu sous le titre de Traité de la réforme de l'entendement, Spinoza part du constat que notre expérience du quotidien nous procure de grandes joies mais aussi moult frustrations et déceptions. Nous oscillons sans cesse entre moments d'euphorie, d'impression de plénitude, suivis de phases descendantes. Poursuivant inlassablement le bonheur, nous n'atteignons jamais la sérénité ni une véritable satisfaction pérenne. Asservis par ce désir de bonheur via des joies fragiles ; les honneurs, la richesse, les loisirs, etc, les hommes ont perdu le sens même de la véritable félicité. Le penseur hollandais invite ici à envisager une «nouvelle manière d'être», encourage à voir et à percevoir par le biais de l'intelligence afin d'approcher la vérité et le savoir, car seules elles peuvent conduire au bonheur et à la joie.
«Spinoza est un point crucial dans la philosophie moderne. L'alternative est : Spinoza ou pas de philosophie...» Hegel
Peut-on concilier désirs individuels, nécessairement variés, et quête universelle du bonheur ? Peut-on imaginer des principes sur lesquels s'appuyer pour bien vivre ? Y aurait-il un dénominateur commun aux désirs de chacun, sur lequel fonder en raison le bonheur ? Spinoza distingue d'emblée actions, portées par la raison humaine, et passions, contraintes depuis l'extérieur. Parce qu'indépendantes de notre seule volonté, les passions sont généralement mauvaises. Le libre examen et l'intelligence lui confèrent au contraire une puissance d'agir, garantie de son bien-être. Il faut donc oeuvrer à perfectionner ses facultés d'entendement pour bien vivre, jouir de son âme, elle-même définie par l'intelligence. Dans le même temps, être de nature, l'homme ne peut faire fi des contingences extérieures, et encore moins d'autrui. Spinoza expose alors les fondements de la sociabilité humaine. Sociabilité qui est une vertu, à laquelle accéder par l'exercice de la raison.
Les Lumières, selon Kant, c'est le fait pour chacun de se libérer des autorités et des préjugés qui l'empêchent de penser par soi-même. Mais penser par soi-même, cela ne veut pas dire se replier sur soi. C'est au contraire exposer ses idées dans l'espace public pour les partager avec toute l'humanité. Car les Lumières sont un progrès collectif : émancipation de la raison, liberté d'expression, éducation de la jeunesse - autant d'idéaux contenus dans cette devise, que Kant t'adresse : ose savoir !
Conçu comme un supplément biographique à la première édition des "OEuvres complètes" de l'écrivain, le tome 70 est paru au printemps 1789. Condorcet y rend un hommage vibrant, personnel et philosophique au grand homme, contribuant à forger pour la postérité une légende glorieuse du patriarche de Ferney, un modèle pour les générations à venir, celui de l'intellectuel engagé. Accompagné d'un dossier de pièces justificatives, il associe devoir de mémoire et plaidoyer pour les Lumières, posant les fondements des idées qu'il développera dans l'"Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain".
Que faire de nos valeurs quand les coutumes d'autrui heurtent nos certitudes morales? Faut-il suspendre son jugement ou chercher un critère pour bien juger? Existe-t-il ou non des principes moraux universels? Montaigne, dans ce chapitre des Essais consacré aux Indiens Tupinambas du Brésil, aborde délibérément un sujet subversif:l'anthropophagie rituelle. Il met en cause nos habitudes de pensée et tend au lecteur un miroir qui lui apprend l'exercice du doute et de la réflexion critique.En GF PHILO', le texte de l'oeuvre est donné à lire, dans son intégralité, sur la page de droite. En regard, des extraits tirés d'autres oeuvres viennent l'éclairer, le questionner, le prolonger.
«Je compose actuellement un traité sur la façon dont j'envisage l'Écriture, et mes motifs pour l'entreprendre sont les suivants:1° Les préjugés des théologiens; je sais en effet que ce sont ces préjugés qui s'opposent surtout à ce que les hommes puissent appliquer leur esprit à la philosophie; je juge donc utile de montrer à nu ces préjugés et d'en débarrasser les esprits réfléchis. 2° L'opinion qu'a de moi le vulgaire qui ne cesse de m'accuser d'athéisme; je me vois obligé de la combattre autant que je pourrai. 3° La liberté de philosopher et de dire notre sentiment; je désire l'établir par tous les moyens [...].»Lettre de Spinoza à Oldenburg, 1665.
1677. Un groupe d'intellectuels publie à Amsterdam un livre intitulé Oeuvres posthumes avec pour nom d'auteur:B.d.S. Qui se cache derrière ces initiales? Bento de Spinoza, certes... mais pas seulement. Son livre est le produit d'échanges palpitants entre les savants de toute l'Europe, de querelles entre les communautés juives et chrétiennes mal unies, d'amitiés éternelles et même d'amours déçues.
En 1797, Emmanuel Kant et Benjamin Constant s'affrontent dans une controverse fameuse sur le problème - moral et politique - du droit de mentir. Être véridique est un principe qui doit guider notre conduite. Si Constant reconnaît le bien-fondé d'une telle exigence, il s'oppose à Kant sur son application:selon lui, il ne faut pas en faire une obligation absolue.En donnant à lire une sélection de textes de Kant sur le mensonge et le devoir moral, les objections de Constant dans Des réactions politiques et la réponse de Kant dans D'un prétendu droit de mentir par humanité, cette édition permet d'examiner ce qui a pu être considéré comme la question du siècle:le rapport entre théorie et pratique.En GF PHILO', le texte de l'oeuvre est donné à lire sur la page de droite. En regard, des extraits tirés d'autres oeuvres viennent l'éclairer, le questionner, le prolonger.
Destinées pour la plupart à la rédaction ultérieure d'un traité sur la religion chrétienne, les Pensées sont un ensemble de notes éparses prises par Pascal avant de mourir et rassemblées par ses proches. Il y décrit l'homme dans sa grandeur et sa misère, pose les fondements d'une politique et d'une morale, sonde le sens de la vie et exhorte les coeurs à se tourner vers Dieu. Ce penseur du Grand Siècle - l'un des plus brillants de son époque - fascine par son style fulgurant, sa force de réflexion et son ardeur à persuader.
Organisée en sections thématiques, cette édition propose une sélection inédite de fragments, dont les plus célèbres (sur le divertissement, l'imagination, les deux infinis, le pari...).
« Condition humaine. Inconstance, ennui, inquiétude. » En trois mots, Pascal définit l'homme, décrit sa situation. Conjuguée à la première personne, cette situation s'explicite et s'éprouve ainsi : « J'ai l'esprit plein d'inquiétude. Je suis plein d'inquiétude vaut mieux. » L'inquiétude est le propre de l'homme, c'est le principe à partir duquel Pascal construit sa philosophie. L'homme est dans une situation intenable où il désire le vrai et le bonheur sans pouvoir y parvenir, où il cherche ce qu'il ne peut posséder ni se donner, où il veut sans pouvoir. Misère de l'homme, qui signe son inconsolabilité. Cela implique aussi que « l'homme passe l'homme », qu'aucun divertissement ne peut éteindre ses désirs. Telle est la philosophie de Pascal : une philosophie de l'inquiétude, de ce mouvement qui fait vouloir au-delà de ce que l'on peut, chercher ce que l'on a perdu.
«Je me livrai à cette lecture et pensai, tandis que je plongeais en moi-même, que je n'avais jamais compris aussi clairement le monde.»Goethe« Vous voulez être philosophe? Commencez par être spinoziste; vous ne pouvez rien sans cela.»Hegel
«Je résolus de chercher s'il existait quelque objet qui fût un bien véritable, capable de se communiquer, et par quoi l'âme, renonçant à tout autre, pût être affectée uniquement, un bien dont la découverte et la possession eussent pour fruit une éternité de joie continue et souveraine.»Traité de la réforme de l'entendement
Véritable somme politique, De l'esprit des lois (1748) est le chef-d'oeuvre de Montesquieu. L'auteur y engage tout à la fois une réflexion sur les différents gouvernements, une enquête sur les sociétés humaines et une analyse comparée des lois, afin de former tout homme à évaluer l'intervention législatrice. En s'attachant à saisir "l'esprit des lois" - ou rapports que les lois entretiennent avec le climat, la religion, les moeurs, les richesses et le commerce de chaque peuple -, il propose une manière nouvelle d'appréhender la réalité sociale.
Cette anthologie, qui rassemble et présente les livres les plus célèbres de L'Esprit des lois, permet au lecteur de saisir les principaux enjeux philosophiques de cet ouvrage incontournable.
Quel est le gouvernement le plus adapté à la nature humaine ? Posée au XVIIIe siècle par Montesquieu, cette question est profondément actuelle. Ce traité de théorie politique publié en 1748 expose les grands principes régissant l'histoire des sociétés politiques. Il examine les différents types de gouvernements, monarchie, aristocratie, république et despotisme. Et il pose la question de l'existence d'un régime politique universellement valable. Personnalité essentielle du Siècle des Lumières, Montesquieu a marqué le monde intellectuel en tant que philosophe de l'histoire et figure fondatrice de la science politique.
C'est la mort qui a empêché Spinoza de mettre la dernière main au Traité politique, l'ultime ouvrage qu'il ait entrepris. Il y parle de l'État en général, du souverain, de la monarchie et de l'aristocratie. Le grand amour que Spinoza avait de la liberté et sa préférence très marquée pour un régime d'égalité apparaissent de la plus claire des façons.
Quant aux 84 lettres proposées dans ce volume, elles permettent d'éclaircir certains points difficiles de la doctrine spinoziste et renseignent sur la vie de Spinoza, sur son caractère et sur ses amitiés.