À l'été 1953, un jeune homme de 24 ans, fils de bonne famille calviniste, quitte Genève et son université, où il suit des cours de sanscrit et d'histoire médiévale puis de droit, à bord se sa Fiat Topolino. Nicolas Bouvier a déjà effectué de courts voyages ou des séjours plus long en Bourgogne, en Finlande, en Algérie, en Espagne, puis en Yougoslavie, via l'Italie et la Grèce. Cette fois, il vise plus loin : la Turquie, l'Iran, Kaboul puis la frontière avec l'Inde. Il est accompagné de son ami, Thierry Vernet, qui documentera l'expédition en dessins et croquis.
Ces six mois de voyage à travers l'Anatolie, l'Iran puis l'Afghanistan donneront naissance à l'un des grands chefs-d'oeuvre de la littérature dite « de voyage », L'Usage du monde, republié ici.
«Certains vont chercher le bonheur en Sibérie ou en Alaska, moi je lorgne du côté d'Aubusson, de Saint-Flour et du plateau de Millevaches... Je suis un aventurier de la France cantonale, un explorateur de sous-préfectures.»Sans le moindre sou en poche, misant sur la générosité des gens, un jeune aspirant jésuite s'échappe de la ville et de la modernité avec le désir de renouer avec l'élémentaire. Il s'offre une virée buissonnière à travers les déserts du Massif central, une petite promenade de sept cents kilomètres à pied. Le chemin des estives, récit de ce voyage, est une ode à la désertion, à la liberté, à l'aventure spirituelle. On y croise les figures de Rimbaud, de Charles de Foucauld, mais aussi des gens de caractère, des volcans, des vaches.Au fil des pages, une certitude se dessine:le bonheur est à portée de main, il suffit de faire confiance et d'ouvrir les yeux.
Voici rassemblés pour la première fois en un volume de poche trois ouvrages de Nicolas Bouvier : "Journal d'Aran", "Chronique japonaise", et "Il faudra repartir". Après Winnicott et Benjamin, Payot continue de publier dans cette collection les oeuvres incontournables des auteurs du catalogue.
En septembre 1878, R. L. Stevenson accompagné d'un âne - mais à pied - traversait en douze jours les Cévennes, de Monastier à Saint-Jean-du-Gard. Dormant sous les étoiles qui avaient éclairé la révolte des camisards, attiré par la voix lointaine d'une flûte, emporté par les ombres qui valsaient en mesure à l'appel du vent, se lavant dans l'eau courante des rivières, amical envers les moines trappistes comme envers les dissidents protestants, il découvrit la magie des rencontres, la complicité des paysages, l'ivresse de la liberté. Trouvant dans une approche sensuelle et poétique de la nature toutes les raisons de croire en l'amour qui allait changer son existence, il ramena, de cette marche sur les chemins des bergers, le livre le plus cordial et le plus confiant en la vie.
1924. Pour la première fois, une femme étrangère réussit à entrer dans Lhassa, capitale interdite du Tibet !
Huit mois auront été nécessaires à Alexandra David-Néel pour relever ce défi extraordinaire. Huit mois d'un long périple à travers les immenses solitudes du « pays des Neiges ». Huit mois d'une vie rude et dangereuse sous l'appparence d'une mendiante tibétaine !
À une époque où personne ne parle de « raid », c'est une aventure exceptionnelle que nous décrit ici l'auteur ! Elle y ajoute sa propre quête spirituelle, et ce regard fasciné qu'elle porte sur la civilisation tibétaine.
Elle est parfois paresseuse, souvent têtue, mais toujours affectueuse. Il s'agit de Modestine, l'ânesse qui accompagne, dans ce récit autobiographique, Robert Louis Stevenson, lors de sa singulière traversée des Cévennes. Ensemble, ils partagent cette aventure, ponctuée de multiples rencontres et imprévus. Et malgré leur lien orageux, une amitié atypique éclot peu à peu au sein de ce duo aussi original qu'attachant.«Il faisait déjà chaud. J'attachai ma veste au paquetage, et je cheminai en bras de chemise. Modestine elle-même était de fort bonne humeur, et se lança spontanément, pour la première fois à ma connaissance, dans un trot cahoté qui, à chaque secousse, envoyait les avoines danser dans la poche de mon manteau. Derrière moi, au nord du Gévaudan, la vue s'étendait à chaque pas.»
Chacun sait que l'Orient-Express, le train mythique qui relie Paris à Istanbul, a inspiré la fiction dès sa mise en service en 1883. Mais le public n'en a guère retenu que les noms d'Agatha Christie, de Graham Greene ou de Paul Morand. Pourtant, cette littérature est aussi abondante que méconnue. Dès 1914, elle aborde par exemple de grandes thématiques telles que le luxe et la luxure, le brigandage, le complot et l'imaginaire d'une plus grande Europe. La Belle Époque explore plus particulièrement les paradoxes de cet imaginaire, de la séduisante madone des sleepings au train de l'angoisse. Avant que le second vingtième siècle ne balance entre la critique, la parodie et la nostalgie d'un monde perdu.
De Jean Giraudoux à Graham Greene, d'Apollinaire à Agatha Christie en passant par Lawrence Durrel, Edmond About ou Albert Londres, Blanche El Gammal nous offre une anthologie de textes célèbres et oubliés et nous fait voyager de manière singulière dans l'Europe du siècle dernier, entre exotisme, propagande, fantasmes et désillusions.
La journaliste et réalisatrice Stefania Rousselle ne croyait plus en l'amour. Elle avait couvert une série d'événements tragiques, des attaques terroristes de novembre 2015 à la montée de l'extrême droite. Sa relation personnelle s'était effondrée. Sa foi en l'humanité était ébranlée. Elle décida alors de partir seule sur les routes de France pour dormir chez des inconnus et leur poser la question à laquelle tout le monde cherche une réponse : c'est quoi l'amour ?
D'un boulanger en Normandie à un berger dans les Pyrénées, d'un élagueur en Martinique à une factrice dans les Alpes, "Amour" est un recueil de témoignages poignants et profonds, accompagnés de belles photographies (une centaine).
«Je vis dans une ville qui subit l'amour de plus de trente millions de personnes par an. Aucune raison de se plaindre, me direz-vous; il y a pire comme destin:être atteint de leucémie, de toxicomanie, ou encore survivre dans les déserts glacés des zones polaires où seules certaines variétés de lichens osent pousser. Et pourtant, aujourd'hui pour ses habitants, vivre à Venise signifie surtout observer sa ville en train de mourir.»Mariée à un Vénitien depuis de longues années, c'est seulement lorsqu'elle a su piloter sa topetta sur la lagune que Petra Reski s'est sentie pleinement vénitienne. Dans ce livre dédié à «sa» ville, elle partage ses souvenirs intimes entre le cinéma San Marco, le théâtre Ridotto et d'autres lieux mythiques et nous fait partager la parenthèse enchantée du confinement qui a rendu les canaux à ses habitants...Cette déclaration d'amour vivante et attachante est avant tout une contre-carte postale. Écrit sans complaisance, ce récit témoigne de la nécessité d'un engagement politique et citoyen pour sauver Venise de la corruption institutionnalisée, du tourisme destructeur et de l'urgence écologique qui la menacent.
Après la chute de l'URSS, d'importantes réserves de gaz et de pétrole ont été découvertes dans le Nord caspien et dans le fond asséché de la mer d'Aral. Alors que la consommation mondiale ne cesse d'augmenter, que les ressources décroissent et que le Moyen-Orient paraît de plus en plus instable, la Caspienne, jusque-là délaissée, revêt le visage d'un nouvel Eldorado et se trouve au coeur des enjeux énergétiques.
Du sud de l'Aral à la Turquie orientale, Sylvain Tesson a suivi, à pied et à vélo, ce nouveau réseau de pipelines : le road-movie de l'or noir des steppes.
Lorsqu'il décide de parcourir en solitaire les 40 000 kilomètres de l'équateur, Mike Horn se lance un défi inouï. Des côtes d'Afrique aux portes de l'Asie en passant par l'immensité du continent américain, il devra traverser trois océans, autant de jungles impénétrables ; deux sommets de 6 000 mètres, des pays en guerre, rongés par la maladie, envahis de faune hostile et de flore vénéneuse. Son exigence est stricte : jamais il ne quittera la " latitude zéro ", jamais il ne s'éloignera de cette ligne imaginaire... Avec cette aventure où le destin du voyageur bascule au gré des tempêtes et des rencontres, Mike Horn se lance dans un violent face-à-face avec le monde : envoûtante de beauté, sa route croisera l'errance des damnés de la terre, des chercheurs d'or de l'Amazonie aux peuples d'Afrique en guerre.
En 1950, un explorateur de 23 ans disparaît en pleine jungle amazonienne alors qu'il tentait de traverser seul la Guyane française d'ouest en est. Il s'appelait Raymond Maufrais. De lui, on ne retrouva que son carnet de voyage, perdu, au milieu de la forêt. La découverte de ce texte bouleversant conduit Eliott Schonfeld à retenter cette expédition extrême. Soixante-dix ans après Maufrais, il s'enfonce dans la jungle. Face aux mêmes dangers, étreint par les mêmes émotions, le jeune aventurier partage le rêve fou de son aîné : vivre dans la jungle, quitter la civilisation qui détruit le monde sauvage. Accompagné par le peuple de la jungle - singes hurleurs, anacondas, caïmans... - et hanté par son alter ego disparu, il écrit pour ne pas se perdre. Il est le premier homme à achever cette aventure en solitaire - la plus grande de toute sa vie.
Dressés au milieu de l'océan comme un symbole du lien - et de la frontière - entre le monde sauvage et la civilisation, entre l'eau, la terre et le ciel, les phares fascinent depuis les temps antiques. Au fil de six pélerinages aux quatre coins du monde, Jazmina Barrera évoque la petite histoire de quelques une de ces constructions uniques, celle des hommes qui les ont habités mais aussi les voix qui s'en sont faites l'écho, de Virginia Woolf à Edgar Alan Poe en passant par Melville.
Ce carnet est à la fois le journal d'une collectionneuse et un guide qui semble nous murmurer à l'oreille que ce lieu singulier peut nous révéler à nous-même. Une invitation au voyage tout autant qu'une réflexion poétique et essentielle sur la puissance rédemptrice de la nature sauvage.
Une histoire des routes et de ceux qui les ont empruntées.
" Il existe entre l'écriture et la marche une alliance presque aussi ancienne que la littérature : pas de randonnée sans histoire, pas de chemin qui ne raconte quelque chose. " Robert Macfarlane a passé des années à parcourir les routes et à interroger les liens entre les hommes et le paysage. Tout commence un jour de printemps, quand il quitte sa maison de Cambridge pour suivre un ancien chemin de craie. Une aventure de trois ans le mène sur des voies antiques, des routes maritimes, des chemins de pèlerinage, des routes fracturées par la guerre et des sentiers escarpés de haute montagne.
Il suit la trace de marcheurs avant lui : poètes, soldats, chasseurs d'oiseaux, philosophes ou bergers. Il parcourt des routes périlleuses, sacrées ou intimistes. Chemin faisant, ce conteur merveilleux observe les paysages et explore leur histoire insoupçonnée pour la faire ressurgir sous ses pas.
D'une érudition scientifique et littéraire éblouissante, Par les chemins est une ode jubilatoire à la puissance de la marche, des routes, et de ceux qui les ont empruntées. Ce récit qui a déjà séduit plusieurs centaines de milliers de lecteurs est célébré depuis sa parution comme un chef-d'oeuvre de la littérature de voyage.
« Le voyageur est une source continuelle de perplexités. Sa place est partout et nulle part. Il vit d'instants volés, de reflets, de menus présents, d'aubaines et de miettes. Voici ces miettes ». Trois magnifiques textes sur le Japon où l'auteur de L'Usage du monde entremêle récit de voyage et histoire de l'archipel. Un moment de pur plaisir.
Vous montez un col, traversez une forêt, longez une rivière. Au fond de la vallée, les restes d'un village, des blocs de pierre brisés : ci-gît Chaudun, village maudit qui fut vendu en 1895 par ses habitants à l'administration des Eaux et Forêts. Évocation poétique et charnelle des paysages alpins, de leur beauté et de leur infinie cruauté, le récit de Luc Bronner charrie et recompose toutes les traces du passage des hommes et des femmes dans leur intimité et jusqu'à leur fuite inéluctable. L'animal a remplacé l'humain, et Chaudun est désormais le coeur d'un espace ensauvagé, l'une des plus somptueuses vallées d'Europe.
« Que pouvais-je bien avoir dans la tête avant le départ de la première Route du Rhum ? Je ne m'en souviens pas, tout ceci est un peu loin. J'étais petite, pour décider de partir traverser l'Atlantique toute seule. J'avais vingt ans, et j'étais fermement déterminée à me mesurer aux meilleurs, sans aucune expérience du solitaire ni de la course au large. » En 1978, Florence Arthaud décide de traverser l'Atlantique en solitaire. Dès lors, la « petite fiancée de l'Atlantique » sera pionnière en son genre. Elle revient aussi dans ce livre sur son histoire personnelle et une vie placée sous le signe de la liberté.
En 2003, Sylvain Tesson a parcouru à pied, à cheval et à bicyclette le chemin de ceux qui, pendant un demi-siècle, ont fui le goulag ou l'oppression soviétique.
Ce rude voyage de huit mois, à la rencontre des survivants du système concentrationnaire, est une célébration de l'esprit d'évasion et un hommage à ceux qui choisissaient la liberté au prix du froid, de la faim, de la solitude.
:Les téléphones n'étaient alors ni intelligents ni mobiles, les voitures pas encore hybrides. C'étaient les années 1970 et un jeune homme partait en stop sur les routes d'Europe. Pour se découvrir, pour l'aventure et pour trouver l'âme soeur. Au hasard de ses voyages, saupoudrés de rock plus ou moins dur et de drogues plus ou moins douces, il collectionne les rencontres, dort en prison, fait fumer un joint à un aumônier.
Mais Kerouac est mort en 1969, et « partir c'est partir loin et partir loin c'est revenir ». Cette chronique gentiment déjantée d'un monde parallèle où l'auto-stop pouvait emporter très loin ses serviteurs est d'une irrésistible drôlerie.
Bernard Ollivier aura cheminé, la retraite venue, d'un bout à l'autre de l'Asie, d'Istanbul à Xi'an, en longeant l'ancienne route de la Soie. Quatre années passées les chaussures aux pieds, essentiellement à la belle saison, afin de pouvoir franchir les hauts cols d'Anatolie et du Partir impraticables en hiver. Quatre années racontées au fil des jours dans un récit qui n'est en rien l'évocation d'un exploit mais bien le partage d'une aventure humaine rare, par un voyageur émerveillé allant de rencontre en rencontre et qui constate que son projet lui est aussi mystérieux que le monde.
Faire le tour du monde.
Sans doute l'un des plus vieux rêves de l'homme. En 1968, le Sunday Times décide d'organiser la première régate en solitaire et sans escale, en doublant les trois caps : Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn. Avec d'autres, Bernard Moitessier relève le défi et prend congé des siens dans le port de Plymouth. Seul entre mer et ciel, il relate dans son journal de bord ses dix mois sans toucher terre, sa vie au quotidien sur le Joshua, les dauphins, les poissons volants et les étoiles.
La longue route est un chant, un poème à la mer, une grande aventure dont nous sommes les témoins directs.
À bord de la Jangada, Patrick Deville et son fils remontent le fleuve Amazone sur les traces des grands aventuriers. Du Brésil jusqu'en Équateur, d'un océan à l'autre, ce périple est l'occasion d'un voyage littéraire où se côtoient Jules Vernes, Blaise Cendrars et Montaigne. En traversant l'histoire et le territoire de l'Amazonie, père et fils sont aussi les témoins impuissants du désastre climatique dans un monde qui court à son extinction...
De la pierre à l'âme, ce grand livre est l'aboutissement d'une vie de recherches et d'exploration menées par Jean Malaurie dans l'Arctique, tout autour du cercle polaire ; du Groenland, point de départ du périple, jusqu'à la Tchoukotka sibérienne, durant plus de cinquante ans.
C'est aussi une oeuvre de mémoire, un retour sur soi, une tentative jamais achevée d'élucidation intérieure, une somme intellectuelle qui plonge dès le début le lecteur dans l'effervescence intellectuelle des années de l'immédiat après-guerre.
« Je n'enseigne pas, je raconte » dit Jean Malaurie, dont le propos scientifique ou ethnographique n'est jamais didactique, mais s'inscrit dans une aventure personnelle faite de rencontres, d'épreuves, d'obstacles au travers du récit d'une errance souvent périlleuse au milieu d'un décor grandiose. Jean Malaurie est un conteur donnant à lire, à la manière d'un Jules Verne, les tribulations d'un géographe dans le grand nord. De la pierre à l'âme est un texte d'apprentissage et une quête initiatique menant de l'étude de la pierre à travers le prisme d'une science exacte, la géomorphologie, à l'animisme et au sacré. L'histoire d'un chemin de Damas qui conduit un jeune géographe épris de chiffres et schémas à une conversion du regard au contact des Inuit. Au terme d'une lente et douloureuse chrysalide, le narrateur est « inuitisé » et Jean Malaurie raconte ici les moments exceptionnels de communion avec le cosmos vécus auprès d'un peuple animiste.
On ne peut qu'être frappé par l'actualité et le caractère prophétique de ce livre entrepris il y a déjà une décennie et revenant sur une aventure humaine inaugurée il y a soixante-dix ans. Jean Malaurie y dénonce le lien rompu avec le cosmos, la destruction de la faune et des milieux naturels, la réduction de la bio - diversité, l'exploitation productiviste des ressources, l'agonie programmée de ces « sentinelles » que sont les peuples racines. « Dans le regard d'un chien ou d'un oiseau, il y a une telle humanité que l'on est pris par la nostalgie d'un paradis perdu »
Dernier journal de Che Guevara, une compilation composée à partir de notes découvertes lors de sa capture et son exécution par l'armée bolivienne en octobre 1967.
L'histoire de ce journal en lui-même est une saga politicolittéraire.
Découvert dans son sac à dos lors de sa capture dans les montagnes de Bolivie, il a été saisi par l'armée et des copies ont été envoyées à Washington. Une version truquée de ce journal a été publié par la CIA pour justifier l'arrestation d'activistes en Amérique Latine et pour discréditer Le Che et la révolution cubaine. Pour rétablir la vérité, Fidel Castro a écrit « une introduction nécessaire », présente dans cet ouvrage.
Cette édition révisée possède également un avant-propos du fils ainé du Che, une chronologie, des cartes et des photos rares ou inédites.