Chacun connaît - ou croit connaître - L'Île au Trésor, le plus célèbre des romans d'aventures. Chacun se souvient de la carte au trésor découverte dans la malle du vieux marin, de la goélette l'Hispaniola affrétée pour rejoindre l'île lointaine, de Long John Silver, le cuisinier de bord unijambiste avec son perroquet sur l'épaule, et des pirates assoiffés d'or et de rhum...
Robert Louis Stevenson disait que « le roman triomphe lorsque le lecteur joue consciemment à en être le héros ». Ici c'est à travers les yeux et les oreilles de Jim Hawkins - le seul enfant de l'histoire - que nous vivons toutes les péripéties de l'aventure, aux prises avec des pirates qui parlent enfin aussi mal que ceux de Stevenson. Car jamais traduction française de L'Île au Trésor n'a été à la fois aussi complète, précise, amusante et vivante que celle qu'en propose aujourd'hui Jean-Jacques Greif
Les ruses de Tom Sawyer sont sans limites. Autant pour déjouer la surveillance de sa tante Polly que pour attirer l'attention de la jolie Becky Thatcher. Ou pour mettre en scène sa propre mort et celle des membres de sa « bande ». en s'offrant le plaisir d'assister en cachette à leur éloge funèbre, prononcé dans l'église de St. Petersburg devant le village en pleurs. Mais le jour où Tom et Becky se perdent dans le dédale souterrain d'une grotte, privés de lumière, d'eau et de nourriture, les ruses et l'imagination ne suffisent plus.
Andrew, solitaire depuis l'enfance en raison de sa très petite taille, est un créateur de poupées reconnu. Il correspond avec une femme, également amatrice de poupées, Bramber Winters, qui réside et travaille au sein d'un établissement psychiatrique dans les Cornouailles.
À l'origine de leur correspondance - suite à une petite annonce de Bramber un an plus tôt - il y a la curiosité pour la personnalité et l'oeuvre d'Ewa Chaplin, une Polonaise célèbre pour ses poupées et, à un degré moindre, pour sa production littéraire. « Ewa Chaplin n'avait pas peur de fabriquer des poupées qui n'étaient pas réconfortantes. Apparemment elle savait que les poupées sont des personnes, exactement comme nous. » Quand Andrew décide de rendre visite à Bramber, sans la prévenir, il ne lui a pas encore fait part de son handicap. Il pressent qu'elle-même ne lui a peut-être pas tout dit sur sa situation...
Personne ne nous avait prévenus que De Grandes Espérances, ce classique des classiques, est aussi le plus bluffant des romans ! A-t-on encore besoin du cinéma et des séries télévisées, quand on a un tel livre entre les mains ? Page après page (et on les tourne très vite), De Grandes Espérances démontre qu'en matière de suspense, de rythme, de puissance de suggestion, les mots n'ont aucun besoin des images : ils les contiennent déjà - et avec une force incomparable - dès lors que la traduction restitue au texte tout son éclat et sa vivacité d'origine.
La lecture achevée, on ne sait ce qu'il faut admirer le plus dans ces Grandes Espérances. L'intrigue digne des plus grands romans d'aventures ? Les scènes d'anthologie, qui font passer le lecteur par toutes les émotions ? Les dialogues, où l'art du traducteur Jean-Jacques Greif fait merveille ? Les personnages inoubliables : Pip, le bagnard en fuite, l'inquiétante Miss Havisham, Joe le forgeron, la belle Estella au coeur de glace... ?
Et dans quelle catégorie ranger ce livre, qui semble contenir tous les romans possibles ? Récit d'apprentissage, histoire d'amour grand format, roman social, feuilleton à rebondissements : De Grandes Espérances est tout cela à la fois.
RÉSUMÉ La vie n'est pas facile pour Pip. Orphelin, élevé à la dure, comment pourrait-il échapper à sa triste condition de garçon de la campagne, voué à devenir forgeron ?
Reçu chez l'étrange, vieille et riche mademoiselle Havisham, il fait la connaissance de sa fille adoptive, la ravissante Estella. Depuis qu'elle a été abandonnée le jour de ses noces, le temps semble s'être arrêté dans la maison de la vieille femme. Elle ne vit plus que pour se venger des hommes, et Estella, dont Pip tombe amoureux, est l'instrument de cette vengeance...
De plus en plus honteux de ses origines, Pip se réfugie dans son rêve de devenir un gentleman... Or un jour, il est informé qu'un bienfaiteur anonyme désire lui allouer une importante somme d'argent, pour financer son installation à Londres et favoriser son ascension sociale.
Alors que ses espoirs de grandeur se réalisent enfin, et qu'il s'apprête à revoir Estella, Pip est loin de soupçonner ce qui l'attend.
Le 16 juillet 1994 dans la région de Manchester, Julie Rouane, dix-sept ans, prétexte un rendez-vous avec une copine pour s'absenter du domicile familial... et disparaît pendant plus de vingt ans.
Longtemps après l'abandon de l'enquête par la police, faute d'indices concrets - Raymond Rouane, persuadé que sa fille est toujours vivante, continue à explorer seul toutes les pistes possibles. En vain. La mère de Julie et sa soeur cadette, Selena, tentent elles aussi de faire front, chacune à leur manière.
Puis un soir, Julie refait surface à l'improviste. Alors qu'on avait soupçonné que l'adolescente ait pu être enlevée et assassinée - un homme de la région ayant avoué plusieurs meurtres de femmes -, l'histoire que Julie raconte à Selena est tout à fait différente. Mais est-il possible de la croire ?
Après La Course (Prix Millepages 2017), Nina Allan s'impose avec ce nouveau roman comme une virtuose du mystère, des zones d'ombre et des failles intimes. La Fracture est le cinquième livre qu'elle publie aux éditions Tristram.
Les Aventures de Huckleberry Finn ont récemment été classées par le magazine Time, au terme d'une enquête menée auprès de 125 auteurs anglo-saxons, parmi les 5 romans les plus importants de l'histoire (aux côtés de Tolstoï, Flaubert, Nabokov).
Dès la première phrase, Huck Finn - le roman, le personnage - se démarquent de leur prédécesseur Tom Sawyer : « Vous savez rien de moi si vous avez pas lu un livre qui s'appelle Les Aventures de Tom Sawyer, mais ça n'a pas d'importance. Ce livre, c'est M. Mark Twain qui l'a fait, et il a dit la vérité vraie, en grande partie. » Suivent 450 pages d'une langue inouïe, concrète, imagée, percutante et drôle, faite de plusieurs langages - celui propre au personnage et ceux des autres protagonistes, notamment de Jim, l'esclave noir, ou du père de Huck sous l'emprise de l'alcool, dans l'un des innombrables morceaux de bravoure du roman.
Ce second volume raconte les aventures de "Huck" Finn, le meilleur ami de Tom Sawyer, qui tente d'échapper à son père violent et alcoolique en se faisant passer pour mort. Huck rencontre un esclave noir, Jim, en fuite car on le soupçonne d'être le meurtrier... de Huck précisément. Tous deux veulent gagner les États abolitionnistes du Nord des États-Unis en remontant le Mississippi sur un radeau de fortune.
"Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère."
Jeanne, ses études terminées, a quitté sa Bretagne natale pour vivre à Paris. Elle a trouvé un emploi temporaire d'« accueillante » à la Tannerie, une nouvelle institution culturelle, installée dans une usine désaffectée de Pantin.
D'abord déboussolée par le gigantisme et l'activité trépidante du lieu, timide et ignorante des codes de la jeunesse parisienne, elle prend peu à peu de l'assurance et se lie à quelques-uns de ses collègues, comme la délurée Marianne ou le charismatique Julien, responsable du service accueil.
Elle les accompagne dans leurs déambulations nocturnes, participe à des fêtes. Leur groupe se mêle au mouvement Nuit debout. Ils se retrouvent dans des manifestations, parfois violentes - mais sans véritablement s'impliquer, en spectateurs.
Bientôt, deux ans ont passé. Dans l'effervescence de la Tannerie, en pleine expansion, chacun tente de se placer pour obtenir enfin un vrai contrat ou décrocher une promotion. Jeanne va devoir saisir sa chance...
La Tannerie - tel un microcosme de notre société - forme un monde à part entière, avec ses techniciens, ses employés de bureau, ses artistes. Mais derrière la bienveillance affichée et le progressisme des intentions, la précarité et la violence dominent.
Avec ce roman, qui frappe autant par la finesse de ses descriptions que par sa force critique, Celia Levi fait le portrait d'une époque et d'une génération en proie aux ambitions factices et à l'imposture des discours.
Sylvie Durastanti a été la compagne du cinéaste Jean Eustache, pendant les dernières années de sa vie.
Pour le réalisateur de La Maman et la Putain, elle a écrit trois scénarios : Offre d'emploi, Un moment d'absence et Nous Deux roman-photo. Jean Eustache a réalisé le premier. Il préparait le tournage des deux autres, avant sa mort en 1981.
Durant quatre décennies, Sylvie Durastanti a gardé ces deux derniers textes par-devers elle. Plus que des scénarios, Un moment d'absence et Nous Deux roman-photo nous apparaissent aujourd'hui avec la force d'oeuvres littéraires à part entière, impressionnantes de dépouillement et de crudité.
Une troisième partie complète cet ensemble : Pourquoi j'ai écrit certains de mes textes, qui expose, sans pudeur inutile, les circonstances particulières du travail de Sylvie Durastanti pour Jean Eustache.
Huck Finn, le camarade vagabond de Tom Sawyer, est retenu prisonnier par son père ivrogne dans une cabane au fond des bois. Il s'échappe, se réfugie sur l'île Jackson, où il retrouve Jim, l'esclave en fuite de miss Watson. Avides d'aventures et de liberté, tous deux commencent à descendre le Mississippi sur un radeau. Mais à chaque étape du voyage, toutes sortes d'événements surviennent qui obligeront Huck à prendre de graves décisions.
Sa découverte, en Jim, d'un être humain semblable à lui marque une date dans l'éveil de la conscience antiraciste américaine.
Lady Susan, une jeune veuve, très belle et très intelligente, mais désargentée, s'installe chez sa belle-famille, au Château de Churchill.
Reginald De Courcy, lui-même en visite au château, ne tarde pas à s'éprendre de cette femme irrésistible, malgré les mises en garde de son entourage.
Mais que veut au juste Lady Susan ? Cherche-t-elle un mari ? Ou désire-t-elle seulement s'amuser ?
Légèreté, élégance, perversité, manigances : toutes les figures du jeu de la séduction et des manipulations amoureuses alternent dans les quarante-et-une lettres qui composent ce roman épistolaire virtuose.
L'âge d'or de Hollywood possède aussi sa légende noire, sur laquelle personne n'a écrit avec autant de brio que Kenneth Anger. Addictions, viols, meurtres, manipulations en tous genres, procès... aucune des grandes stars du cinéma n'a échappé au scandale : Chaplin et ses nymphes, Lana Turner et son amant poignardé, Marlene bisexuelle, Erich von Stroheim et ses orgies démentielles... Kenneth Anger raconte chacune de ces histoires, avec un mélange d'amour, d'humour et de cruauté, qui annonce - en même temps qu'il dénonce - la presse de caniveau et les phénomènes contemporains du «people» et du «trash». Petit-fils d'une costumière de Hollywood, lui-même enfant-acteur, Kenneth Anger est l'auteur de films dont l'originalité radicale a influencé des cinéastes comme Lynch, Scorcese ou Fassbinder. Aux marges du cinéma, ou pendant les sixties aux côtés des Rolling Stones, il a contribué à définir l'esthétique la plus sulfureuse de la deuxième moitié du 20e siècle. C'est à Paris que Kenneth Anger avait conçu et fait paraître - en 1959 chez Pauvert - une version embryonnaire de Hollywood Babylone, son unique livre, publié intégralement aujourd'hui pour la première fois en français.
Au sein de la vaste confrérie des admirateurs d'Edgar Poe, il existe une société plus secrète, formée des lecteurs pour qui Eurêka - la moins connue des oeuvres de leur héros - est aussi la plus belle. Eurêka est une exception dans l'oeuvre de Poe, une exception dans l'histoire de la littérature, un genre littéraire à soi seul. L'énigme que l'auteur se propose d'élucider - après le Mystère de Marie Roget, le Double Assassinat dans la rue Morgue et l'affaire de la Lettre volée - n'est autre, cette fois, que celle de l'Univers ! Car si le détective Dupin n'apparaît pas dans Eurêka, c'est bien d'une enquête qu'il s'agit. Et même de l'Enquête suprême, puisqu'il est ici question d'élucider " l'essence, l'origine et la destinée de l'Univers physique et métaphysique, matériel et spirituel ". Embrassant d'un seul coup d'oeil l'immensité de tout ce qui existe, là où un esprit ordinaire ne percevrait que complexité et chaos, l'intellect génial (et quelque peu surchauffé) de Poe y découvre au contraire une unité, un ordre, un plan. Et dans une intuition fulgurante, il va jusqu'à anticiper ce qu'on désignera un jour comme le Big Bang... En dédiant son chef-d'oeuvre " à ceux qui sentent plutôt qu'à ceux qui pensent ", Edgar Poe demandait que l'on accepte de lire Eurêka simplement " comme un roman ". Dans l'émouvante postface qu'il a écrite pour cette nouvelle édition française, le romancier américain William T. Vollmann met un accent inattendu sur la portée biographique du texte.
Les Années 70, ou le journal de bord poétique de l'auteur de Just Kids.
Les Années 70 réunit l'essentiel des écrits de Patti Smith parus au cours de cette décennie - parallèlement à son extraordinaire carrière musicale - dans plusieurs recueils fameux (Witt, Kodak, Ha ! Ha ! Houdini !...) Patti Smith, en jouant d'une langue rapide, parfois brutale, invente une mythologie moderne nourrie d'événements intimes, où se croisent amis et héros, réels ou imaginaires.
Cette insurrection poétique, sous la double influence de la littérature française et de la beat generation, aboutit dans certains textes à une douceur et un apaisement qui annoncent le lyrisme délicat de son livre-hommage à Robert Mapplethorpe, La Mer de Corail (Tristram, collection Souple).
Patti Smith et Robert Mapplethorpe se sont rencontrés en 1967 lorsqu'ils avaient vingt ans, à New York, où ils vécurent ensemble pendant plusieurs années. Leurs carrières respectives de musicienne et de photographe célèbres ne cessant plus, dès lors, de se croiser. A la mort du photographe, en 1989, Patti Smith a livré sa vision de l'homme et de l'artiste dans un texte demeuré longtemps inédit - La Mer de Corail - où l'écriture, en prenant la forme d'un récit allégorique, joue avec des photographies de Robert Mapplethorpe, choisies par Patti Smith elle-même.
Quand ce livre est sorti à New York en mai 1996, William Burroughs a écrit, en citant Tennessee Williams, que « Patti Smith fait résonner dans La Mer de Corail la cloche de la poésie pure ». Le premier livre de Patti Smith sur Robert Mapplethorpe, avant son récent Just Kids, best-seller mondial et National Book Award.
Après Hollywood Babylone, Kenneth Anger va encore plus loin dans l'exploration de l'envers et de l'enfer de la "machine à rêves" hollywoodienne. Dans Retour à Babylone, il traite cette fois de la période qui voit le passage du noir et blanc au cinéma en couleurs, autour de stars comme Liz Taylor, Grace Kelly, Marilyn Monroe, James Dean et Marlon Brando. Sur Hollywood et sa légende noire, personne n'a écrit avec autant de brio que Kenneth Anger.
Addictions, viols, meurtres, manipulations en tous genres, procès... aucune des célébrités du cinéma n'a échappé au scandale. Toutes les histoires racontées ici sont édifiantes.
À Sapphire, sur la côte sud de l'Angleterre. Cette ville gazière a été ruinée par la pollution chimique après le boom du gaz de schiste. Elle vivote en attirant des touristes d'un jour, grâce aux courses de smartdogs, des lévriers transgéniques.
Del Hoolman est manager de smartdogs. Un jour, sa fille Luz Maree est victime d'un enlèvement. Del, compromis dans un trafic et endetté, doit tout rembourser pour espérer la récupérer. La solution : remporter la course du Delawarr Triple, avec son meilleur lévrier...
Mais qu'est-il arrivé exactement à Maree ? Et quel est le don particulier qui rend cette enfant si précieuse pour ses ravisseurs ?
Michael Gomez a treize ans, il est un prodige du jeu d'échecs. Lorsqu'il connaît pour la première fois l'épreuve traumatisante de la défaite, il se réfugie dans la fascination qu'exerce sur lui Ruby Castle, une beauté célèbre pour ses rôles dans des films d'épouvante... et pour le meurtre de son amant lors d'un accès de jalousie.
Mais le jeune joueur d'échecs n'est pas seul à nourrir des pensées secrètes à propos de Ruby Castle, ou à être visité par son souvenir. C'est aussi le cas d'un marchand de livres anciens qui s'égare dans le palais des glaces d'une fête foraine, de la maîtresse d'un poète qui fut lié jadis à Ruby, et d'une jeune fille russe qui assiste avec sa famille au lancement d'une fusée. Rien ne semble relier ces différents personnages, hormis l'emprise qu'exerce sur eux l'image de Ruby Castle - dont on ignore d'abord si elle est quelqu'un de réel ou bien un fantasme collectif.
L'intermittence sera-t-elle le lot de chacun dans la société qui s'annonce ?
Peintre par vocation, mais figurant sur les plateaux de télévision par nécessité, le jeune héros de ce roman est « intermittent du spectacle ». Quand il n'est pas à la recherche des contrats qui lui permettront d'obtenir le statut tant convoité, il mène une autre quête, dans les quartiers de Paris ou dans l'intimité de l'appartement qu'il partage avec sa fantasque amie Pauline : celle de la sensation juste et d'un accès poétique au monde.
Hélas, les contretemps des tournages, ajoutés aux délirantes complications administratives de « l'intermittence », compromettent sans cesse le fragile équilibre. Le parcours de ce combattant inexpérimenté serait du plus haut comique, s'il ne le conduisait à vivre un enfer chaque jour plus absurde, où il a peu à gagner et presque tout à perdre.
Celia Levi décrit avec une subtilité de touche - et un luxe de nuances - le basculement de cette situation ordinaire dans une sorte de « fantastique du quotidien », où se perçoivent les échos de quelques grands mythes littéraires.
Dans Intermittences, elle prête à l'écriture du Journal que tient son héros, une année durant, la simplicité et la pureté classique du style qui ont émerveillé les lecteurs de son dernier roman, La Tannerie, l'un des événements de la rentrée littéraire 2020.
Une femme attend, depuis vingt ans, le retour de son mari parti à la guerre. Leur fils a grandi sans connaître son père. Les intrus, qui ont envahi la demeure et convoitent cette épouse esseulée, se montrent de plus en plus agressifs et pressants. Pour continuer à attendre, elle doit encore gagner du temps, envers et contre tout.
Même s'ils ne sont nommés qu'à la fin du roman, le lecteur comprend vite qu'il s'agit des personnages de L'Odyssée.
En adoptant le point de vue de celle qui attend, c'est une nouvelle histoire qui est racontée. Sur cette île grecque, dans ce monde pourtant ancien, tout semble familier et étrangement actuel. Nous ne sommes plus témoins du courage et de la ruse d'Ulysse dans son périlleux voyage, mais de la patience et de l'intelligence de Pénélope, face à une barbarie ordinaire.
Par la profondeur des sentiments, la beauté des descriptions, l'écriture simple et intense, la lenteur du rythme mais aussi la multiplicité des scènes saisissantes et l'incroyable crescendo final, Sans plus attendre est un livre qui frappe durablement l'imagination du lecteur.
Né en 1914 à Hambourg, mort en 1979 à Bargfeld dans la lande de Lunebourg, Arno Schmidt est l'auteur d'une oeuvre dont l'originalité transcende les catégories habituelles.
Homme aux passions multiples - de l'arpentage à l'astronomie en passant par la traduction d'Edgar Poe -, il puise aussi dans la culture la plus populaire et sa propre expérience pour construire des récits débordants d'humour burlesque et d'audaces techniques, dont Jean-Patrick Manchette louait " passées les quatre ou cinq premières minutes de surprise, la formidable limpidité ". Par la précision de sa riposte à l'obscurantisme nazi, par l'impact poétique de la langue qu'il s'est forgée, par ses jeux de pensées incessants et inépuisables, Arno Schmidt a révolutionné la littérature allemande de la seconde moitié du 20e siècle. Il est aujourd'hui traduit dans une dizaine de pays. Les vingt-huit récits rassemblés dans Histoires ont été écrits entre 1955 et 1959. Brefs, rapides, ils ont toujours été considéré en Allemagne comme la meilleure introduction possible à l'univers d'Arno Schmidt.
Depuis la publication de Psychotic Reactions & autres carburateurs flingués, chez Tristram en 1996 (Souple, 2013), chacun sait que Lester Bangs (1948-1982) est l'auteur le plus inspiré qu'on puisse lire sur le rock et la « contre-culture », en même temps qu'un pur écrivain - de la classe des Burroughs, Kerouac et Bukowski qu'il vénérait. « En ces années farouches, son écriture est à son zénith : summum de délire rebondissant du coq-à-l'âne, ponctuant brutalement des phrases interminables de grandes claques. » (Philippe Manoeuvre) Longtemps attendu, Fêtes sanglantes & mauvais goût comble les absences les plus criantes du premier livre - avec notamment les morceaux de bravoure, jusqu'alors inédits en volume, sur les Beatles, les Rolling Stones, Miles Davis, Jim Morrison ou Sid Vicious, dont Bangs offre une vision pour le moins subjective et décapante, ainsi que l'extraordinaire récit de son voyage à la Jamaïque et de sa rencontre avec Bob Marley. Mais le lecteur y trouvera aussi des textes sur des artistes que Bangs plaçait plus haut que tout, tels Captain Beefheart, Brian Eno, ou Patti Smith pour son album Horses.
Surtout, il découvrira de nouvelles pépites autobiographiques et des chapitres où Lester Bangs réduit à leur plus simple expression les prétextes journalistiques de ses écrits, en se rapprochant de plus en plus de l'écriture de pure fiction, qui culmine ici avec l'extrait de son roman inachevé Tous mes amis sont des ermites.
On peut considérer qu'avec ce second volume l'essentiel de l'oeuvre de Lester Bangs est maintenant disponible au format de poche. Ainsi pourra-t-on avoir une vue exacte du parcours littéraire et intellectuel d'un homme, qui, au-delà de ses intuitions visionnaires, à propos d'une culture qui était sur le point de devenir dominante, s'en fit aussi, dans certaines de ses meilleures pages, le moraliste.
Quelques années après la mort de Jack Kerouac, Barry Gifford et Lawrence Lee sont partis « sur la route » pour refaire pas à pas l'itinéraire de leur héros, du Canada à New York et de San Francisco à Big Sur.
Amis, amants, épouses, maîtresses, poètes, voyous, célèbres ou inconnus - ils ont retrouvé et interrogé tous les protagonistes de cette odyssée spirituelle qui a secoué l'Amérique des années 1950 et 1960. Les noms de quelques-uns d'entre eux sont aujourd'hui légendaires : Allen Ginsberg, Carolyn Cassady, William Burroughs, Joyce Glassman, Gregory Corso...
Les amis de Kerouac étaient aussi les personnages de ses livres. À la fois directs et hauts en couleur, leurs témoignages - en permettant de revisiter l'oeuvre de l'intérieur - font de ces Vies parallèles de Jack Kerouac, bien plus qu'une biographie, un véritable « portrait de groupe » et le livre définitif sur l'histoire de la Beat Generation et de celui qui en fut l'inspirateur et le porte-parole.
Barry Gifford offre aujourd'hui une nouvelle édition de ce classique, qui reparaît à l'occasion du 50e anniversaire de la mort de Jack Kerouac, en 1969.
Sous-titré « Roman historique de l'an de grâce 1954 », Le Coeur de pierre est le livre d'Arno Schmidt (1914-1979) le plus fameux en Allemagne.
On y suit les manigances d'un collectionneur fou, Walter Eggers, qui s'introduit chez un couple, devient l'amant de la femme, s'embarque pour l'Est avec le mari chauffeur-routier dans le but de subtiliser un ouvrage rare à la Bibliothèque du Présent Radieux du Socialisme Réel, avant - last but not least - d'organiser avec lui le « transfert » à l'Ouest de sa maîtresse ! Walter, Frieda, Karl et Line, à peine installés dans une sorte de ménage à quatre, découvrent un trésor dans un faux plafond de la maison qui permettra de financer leur association scandaleuse...
Seul roman de cette ampleur jamais écrit sur la division de l'Allemagne, Le Coeur de pierre est une charge féroce sur la politique, la littérature des deux systèmes, la sexualité, en même temps qu'un récit d'aventures écrit avec des moyens radicalement nouveaux.