En 1974, grâce à Pierre Drachline, son premier recueil Ouvrez le feu (Editions Plasma) sonne comme un coup de tonnerre dans le paysage quelque peu figé de la poésie française. Plusieurs fois emprisonné en France et dans les Andes, il sera interné par sa famille de 2003 à 2005.
Le Cimetière de Sion est son 14ème ouvrage, sans doute le plus essentiel et le plus pathétique. Le Cimetière de Sion nous crie que la mer sera de plus en plus rouge, si Ismaêl et Isarël ne se réconcilient pas. Comme son frère, Gabriel Celaya (Poésie urgente), Cabral vit la poésie au quotidien "comme une arme du futur".
De l'élégie à l'épopée, Lajos Nyéki conduit le lecteur des rives de son Ipoly natale, en Hongrie, aux berges de la Seine. Témoin de son temps, il fixe dans les résonances d'un expressionnisme nostalgique et parfois douloureux l'aventure de sa propre vie.
Le haïku « donne vie à l'instantané, comme à l'indicible », nous dit l'auteur qui, après avoir rappelé les principes, présente ses premiers poèmes, en japonais comme en français. Il propose dans un second temps au lecteur une initiation à l'écriture japonaise, et l'encourage à essayer l'écriture syllabaire japonaise.
L'auteur de cette pièce est Kâlidâsa. Nous ne savons rien de certain sur lui, mais l'essentiel est acquis : c'est un poète et un dramaturge. Il vécut à une époque qui oscille entre le Ier siècle avant notre ère et le VIème siècle. La Naissance de Kumâra développe, en un long poème orné en sanskrit, le thème du monde menacé par un terrible démon que, seul, un descendant du grand dieu Shiva pourra détruire. Encore faut-il que Shiva tombe amoureux, lui qui s'absorbe dans l'ascèse sur les hauteurs de l'Himalaya !
Voyager avec Adjmaël Halidi, c'est s'envoler au-delà des frontières. D'ailleurs, on n'y songe pas, mais le rêve ne s'aliène pas de barrières. "Au commencement était la parole..." et voilà le verbe d'Ajmaël. Ses maux cauchemardesques se lient presque d'amitié avec la rêverie, non éphémère. Il nous invite à une traversée poétique, par le truchement d'une histoire, d'une culture, d'une écriture, déchirées et recousues par l'auteur. Voilà l'oeuvre d'un visionnaire, qui appelle à l'amour des peuples, malgré cette misère qu'il décrit.
A travers un dialogue entre la langue vietnamienne et la langue française, Déserts raconte la soif ou le désir de l'eau - l'autre nom de la grâce et de l'infini.
Ce recueil se veut un regroupement de mots livrés à leur liberté d'être. La Méditerranée y est pour beaucoup, l'olivier et le croissant aussi, mais c'est du Sud infatigable, de sa pauvreté, de sa lumière, de sa chair rugueuse, et de ses autochtones étranges que jaillit ce texte. Comme pour nous rappeler que dans la poésie il y a " peau ", et que même celle des mots est souvent de couleur.
Un troubadour arménien de la Transcaucasie du XVIIIe siècle, un pont jeté entre trois cultures - arménienne, géorgienne et azérie. Pour le lecteur français, le film de Sergueï Paradjanov, Sayat-Nova, la couleur de la grenade (1968) semble être l'unique arcane pour pénétrer le monde de ce poète, musicien et interprète. Cette traduction complète des 47 odes strophiques en langue arménienne, la première en Europe, nous révèle la singularité universelle de ce poète irréductible.
Mayotte suicide et Le pincipe Archipel parachèvent une trilogie poétique, engagée depuis 2001 à restituer au paysage comorien les belles promesses que son espace invente, les délivrances que ses visages appellent - envers et contre tout.
Ces "brins éparpillés" sont des fragments de pensées élevées et combinées dont ils forment les émissaires. Des mots qui, ensemble et côte à côte, recherchent un lieu nouveau afin d'apporter un lustre inédit à notre présence sur la scène de l'être. La fortune humaine se bâtit par les vocables et leurs combinaisons. Car l'extrême de toute condition nous vient de symboles qui nous charrient puis, vers les autres, nous emportent. Reste-t-il encore un lieu où déceler l'introuvable ?
Sémiologie et linguistique ont mis en évidence, indirectement mais très sûrement, ce que Jacques Lacan appelle « l'objet petit a », la plus-value, le plus de jouir, comme étant la septième fonction performative du langage. Dao en chinois signifie aussi bien « voix » que « voie ». Mais ce que permet la structure de la langue chinoise n'est pas de mise pour les langues occidentales. Il a fallu la rencontre d'un psychanalyste, Guy Massat, et d'un jeune sinologue, Arthur Rivas, pour proposer cette version nouvelle du Dao Dé Jing où les signifiants n'ont d'autres foctions que de mettre en valeur la dimension poétique du sens.
Dans ce second recueil Promesses d'aurore, Kader Mourtadhoi nous offre une poésie marquée, tantôt d'une exceptionnelle vigueur, tantôt d'une infinie tendresse et de générosité. Lorsqu'il s'agit du destin de son pays, les problèmes à traiter sont multiformes ; il faut donc y être attaché et agir constamment. Cette vision de l'avenir ne fait pas peur au poète. Extrait de la préface du poète Jean-Baptiste Tiémélé
Tantôt immergé dans l'«'enfer néantisé » de la ville, tantôt auréolé des horizons du vaste monde, Arnaud Delcorte écrit avant tout en hommage aux êtres vivants, à tous ceux qui le côtoient, qu'il croise ou qu'il étreint, avec une préférence pour les extrêmes à qui il restitue leur part d'existence glorieuse affranchie des normes étouffantes - que ce soit Amira la drag-queen, le minuscule chihuaha compagnon, ou encore le mendiant rasta dans la branche de métro, tondu à cause des poux. Il se baigne dans ce bain humain avec une volupté qui balance entre l'observation critique et la découpe bouchère pour finalement s'anéantir dans la posture zen
Ce que fut Malika : la maîtresse des vertiges. Un fil de neige entre les nuits, dans la spirale du poème : étoiles, éclatement, voyelles, disparition. Un rivage brûlait son couteau versatile à l'envers des blessures. Parce que ce fut, au bout des môles, un impossible aimer. La peur de vivre encore au risque des marées. Il reste un sablier, celui de l'écriture, à renverser toujours dans l'inachèvement vertical du printemps.
Dans ce recueil, Ben Ali Saindoune interroge surtout les obscénités de l'histoire et de la société. Dans les rues de son archipel, il est un fou dont les enseignements qu'il donne aux passants provoquent toujours l'hilarité contagieuse, comme pour ne pas donner à voir son visage de torturé face aux dures réalités de sa société.
Parce que chaque petit matin nous apporte le souvenir du prophète qui bouleversa le monde avec la force de son verbe ; parce que chaque petit matin de pierraille au coeur des îles de misère, chaque petit matin de ciel ardent, chaque petit matin de volcans réveillés et de mots en éruption est une résurrection, je salue à la fois le roc et la cendre, le géant et la pierre, celui qui ébranla le langage avec des mots aux bords de l'incandescence, la sentinelle de ma race : le Père de la Négritude, Aimé Césaire.
S'immergeant dans son passé, l'auteure commence ce recueil en évoquant sa ville natale aux hivers rudes, le blanc omniprésent où deviennent visibles les multiples voies de l'imaginaire. Comme dans l'entre-deux du rêve, le poète bâtit des ponts entre la réalité vécue et ce qui paraît insaisissable, fouille dans la fragilité des choses, sachant que "même ce qui n'existe pas peut mourir tout comme la vie d'un animal boréal" (Nichita Stanescu).
Dans Mon parler de Guinée, l'auteur nous propose l'étonnante musique, l'étonnant rythme d'une langue-rencontre des langues suivant une oralité qui célèbre la dimension organique de la voix. Il s'agit ici d'une démarche poétique d'une exceptionnelle présence.
Le poème de Krystyna Rodowska a souvent cette concision qui frappe par sa justesse et sa rapidité. La concision est antilyrique : elle n'étale pas, elle n'enrobe pas, elle va directement à l'essentiel. Il lui arrive de se retourner contre elle-même et d'exhiber ses moyens pour défier la grammaire. Ces jeux introduisent toujours une réflexion sur la langue ou sur la poésie... Bernard Noël
Par ses poèmes, l'auteur exprime la nostalgie d'un pays perdu et la difficulté à vivre en exil dans l'imaginaire d'un Tibet inaccessible, en équilibre instable entre les cultures, coincée entre un monde étouffé au Tibet, une terre rassurante mais sans grand avenir en Inde et une diaspora mondiale confrontée à la nécessaire adaptation au monde qui s'ouvre à elle. Autrement, la poésie de Bhuchung D. Sonam témoigne du cheminement d'une jeunesse encore très imprégnée de sa culture et de ses traditions, brutalement confrontée au monde contemporain.
Ghada Fouad Al Samman invite le lecteur, critique ou autre, à se disputer à propos de son contenu. Cette épreuve/ recueil ne livre pas ses clefs dès la première lecture, car la dimension sémantique dont la poétesse a su charger ses mots et ses vers, est dense, tant le message qu'elle entend faire passer est grand.
A tant se souvenir d'elle par une mémoire morte (sans futur), nous ne reconnaissons plus la guerre entre deux battements de coeur, entre nous et l'autre. Cependant elle est hélàs là. Elle rythme nos peurs, façonne nos regards. Sans doute faut-il réensemencer ensemble la terre commune du poème pour faire fleurir une aube de rencontre d'amour entre les hommes et dresser les signes du levant entre leurs pas obscurs.
Dans ce quatrième recueil, l'auteur poursuit le lyrisme méditatif de ses précédents poèmes, marqués par le souvenir douloureux des évènements qui ont endeuillé le Congo de même que l'ensemble des pays des Grands Lacs.
Si l'homme avait une mère / dans sa fin / Comme une mère / dans son enfance/ Combien légère serait la mort