Témoignage passionnant sur le milieu littéraire des années 1887-1936, ce texte fourmille d'anecdotes, de réflexions et d'aphorismes. C'est le journal d'un homme désespéré, dont les accents et le talent évoquent souvent ceux de Cioran, mais pour qui l'art est d'abord "une révolte contre la mort". D'un homme partagé entre le désir de "laisser une trace" et l'obsession de se réfugier une fois pour toutes dans le silence.
Le détachement, l'ironie, la nostalgie, une perpétuelle insatisfaction et une extrême lucidité - sur soi-même comme sur les autres - font de Régnier un homme et un écrivain dont la redécouverte s'impose. Derrière la diversité de ces Cahiers, une unité et une authenticité se dégagent, qui sont la marque même des grandes oeuvres.
Jour distraire de sa tâche. La migration des fauvettes, la découverte dans le parc à l'abandon d'essences forestières venues d'autres latitudes, l'odeur de caveau et d'eau morte montant de l'allée de buis et celle, mêlée d'encre, de salpêtre et de cire, infusant dans la pièce aux écritures, suffisent à troubler la procession des chapitres.
Il ne reste plus alors au lecteur, soucieux de retrouver son chemin, qu'à avancer à l'estime parmi les paragraphes et les paysages de ces dix récits, simplement cousus d'un ourlet de haie vive.
Sept portes donnaient jadis accès au bourg médiéval de Vézelay, en Bourgogne. De même, sept thèmes - déterminés par les sculptures romanes de la basilique - conduisent cette évocation du Vézelay d'aujourd'hui : chemins et voies d'accès, minéralités et ossements, ondes et feuillages, vents et musiques, vivants et trépassés. Les souvenirs et impressions de l'auteur s'imbriquent dans le tableau d'un village à la fois unique et universel.
Edith de la Héronnière a habité une quinzaine &années à Vézelay. Elle a sillonné la campagne environnante à travers ses -chemins, s'imprégnant des changements de lumière au fil des saisons, de la densité des ciels mouvants, du caractère fort et secret de ses habitants. C'est un portrait intériorisé et longuement mûri de cette envoûtante cité médiévale, haut lieu de la culture européenne, qu'elle nous livre aujourd'hui, grâce à une écriture d'une grande pureté.
«Pourquoi la Sicilia ?
Serait-ce seulement à cause de son nom et des envoûtements qu'il évoque ? Pour la grâce des trois «i» qui la rythment et sonnent comme un tintinnabulum de cloches dans la montagne ; pour la vivacité des consonances, leur enchaînement, leur rondeur et leur chaleur ?
Dans son nom, j'entends des sabots de chèvres sur les rochers, des cloches de chapelles romanes ou même la sonnaille accrochée au cou d'un pauvre corbeau.
Dans son nom, je vois de l'or, celui des blés à perte de vue en grands adossements sous le ciel implacable. Je vois aussi l'Orient jusqu'à Byzance et jusqu'aux Indes.
Indomptable au milieu de la Méditerranée, la Sicile a nourri les rêves des voyageurs. Dans son nom, je vois un vert tendre, simple, recouvrant le sol d'une grande caresse pleine de consolation. Je vois aussi du noir : un appel vers la terre et les entrailles du monde. Mais ce n'est pas seulement cela...»
Sous la forme d'un dictionnaire, une promenade iniatique dans cette île fréquentée dès l'Antiquité, occupée par des pirates grecs, propriété privée d'Auguste et lieu de débauche de Tibère. Ses grottes naturelles gardent les secrets de rites magiques, religieux et impénétrables. Capri abrite aussi des villas mythiques et a accueilli Alberto Moravia, Henry James, Félicien Marceau, etc.