Dans l'imaginaire collectif et la représentation commune, la présence militaire américaine sur le sol français évoque immédiatement l'apparition de la culture de masse et la civilisation du loisir. Ce livre étudie les coulisses de ce phénomène et met en évidence le rôle des forces armées dans le déploiement d'une stratégie de communication visant à mettre la culture et l'information au service de la politique étrangère des États-Unis. Née en amont du « temps des bases », sur le front intérieur, cette politique culturelle entendait promouvoir une modernité aussi riche que fabriquée, maintenant les civils sur le qui-vive pour gagner la guerre des idées et la guerre froide.Une armée de diplomates est le récit d'un double choc des cultures avec, d'une part, les relations souvent conflictuelles entre les acteurs du département d'État et leurs homologues de la Défense autour de la stratégie culturelle et, de l'autre, les tensions entre la population autochtone et une présence militaire qui ravive le souvenir douloureux de la guerre. Basé sur le dépouillement d'archives inédites, cet ouvrage démontre la manière dont l'uniforme militaire a contribué à la promotion, sinon à la fabrique, d'une certaine culture américaine sur le sol français, de la guerre à l'OTAN.
Qu'en est-il de l'articulation du temporel et spirituel tant dans le rôle, la situation, la construction, le décor, la symbolique et l'entretien de la cathédrale qui rythme également le temps de la ville de Strasbourg depuis les processions qui scandaient la vie de la cité au Moyen-Âge jusqu'à la sonnerie des cloches qui garde toute son importance de nos jours?Les contributions rassemblées brossent, pour les unes, un cadre et montrent l'intrication de la vie respective de l'édifice religieux et de la cité depuis les origines, le bâtiment en étant venu à symboliser l'identité et la liberté mêmes de la ville. Les autres s'attachent à des éléments de l'architecture et du décor de l'édifice - et plus particulièrement aux programmes iconographiques et à la statuaire. Elles montrent notamment en quoi ils intègrent et reflètent les relations, fluctuantes mais toujours prégnantes, entre spirituel et temporel, au coeur d'une ville dont ils attestent l'ouverture à la modernité.
Avec La civilisation de la Renaissance en Italie, Jacob Burckhardt (1818-1897) n'est pas seulement l'auteur d'un ouvrage qui a fait date, mais il a aussi contribué de manière décisive à faire de l'histoire de l'art une discipline indépendante, fondée sur des critères scientifiques.« Nous ressentons l'art comme un phénomène historique de première importance et comme une puissance hautement active dans notre vie. » Sans jamais négliger l'importance de l'expérience sensible du spectateur, qu'il considérait comme un élément premier et déterminant pour appréhender la signification des oeuvres, Burckhardt documentait chaque oeuvre vue dans les collections d'art des musées européens, en s'intéressant au contexte précis dans lequel elle était née. Explorateur infatigable, il concevait l'histoire comme une enquête visant à éclairer tous les aspects de l'oeuvre d'art.
Magda Trocmé (1901-1996) a partagé sa vie d'engagement entre les cités ouvrières du Nord de la France dans les années 1920-1930, l'organisation du sauvetage de centaines d'enfants juifs au Chambon-sur-Lignon, sous l'occupation nazie, et, après-guerre, une intense activité militante au service de la paix et des droits de l'homme. Écrits d'une plume alerte, ces souvenirs font suite à ceux de son enfance (Souvenirs d'une jeunesse hors normes, Strasbourg, PUS, 2017). Ces deux volumes rendent compte d'un itinéraire exceptionnel, marqué par une vive sensibilité à l'arbitraire et par l'impérieuse nécessité de toujours porter secours aux victimes de l'injustice, de la violence - économique ou morale - et de la barbarie. Le témoignage de Magda Trocmé est ici éclairé par trois spécialistes du contexte historique et religieux, sur la théologie du christianisme social, l'histoire des mouvements non violents entre les deux guerres, le plateau Vivarais-Lignon sous l'Occupation, et les voyages de solidarité internationale dans les années 1950.