Qui a tué le roi Hamlet ? Sa veuve, la reine Gertrude ? Son frère Claudius, devenu roi en épousant la veuve ? Le jeune prince Hamlet, visité par le fantôme de son père, les soupçonne tous deux... "Il est admis par tous qu'Hamlet est plus vivant qu'un homme qui passe." Alfred Jarry.
William shakespeare la tempête caliban sois sans crainte ! l'île est pleine de bruits, de sons et d'airs mélodieux, qui enchantent et ne font pas de mal.
C'est quelquefois comme mille instruments qui retentissent ou simplement bourdonnent à mes oreilles.
Et d'autres fois ce sont des voix qui, fussé-je alors a m'éveiller après un long sommeil, m'endorment à nouveau ; -et dans mon rêve je crois que le ciel s'ouvre ; que ses richesses vont se répandre sur moi... a mon réveil, j'ai bien souvent pleuré, voulant rêver encore.
(acte iii scène 2)
Un bungalow colonial au mobilier banal, très usé, très pauvre. Autour, la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge. Cinq personnages. La mère s'assied sur un siège bas, les autres se groupent autour d'elle. Ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué. La mère restera immobile, lointaine, comme séparée de sa propre histoire. Tout ce qui pourrait être dit ici l'est directement par ses enfants Joseph et Suzanne, par le Caporal et Mr Jo qui l'ont aimée. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même, ni sur sa vie d'enseignante en Indochine, de pianiste à l'Eden Cinéma au temps du cinéma muet, ni sur son existence ingrate, ardue, d'après l'Eden Cinéma. «Elle était dure, la mère. Terrible. Invivable. Pleine d'amour. Mère de tous. Mère de tout. Criante. Hurlante. Dure...»
La révolte gronde dans la Ville gouvernée par les frères Besme, Isidore le savant et Lambert le politicien. La jeune Lâla, qu'aime Lambert, s'unit au poète Coeuvre, mais le quitte bientôt pour rejoindre les révolutionnaires et leur chef, Avare. Coeuvre disparaît. Plus tard, alors que c'est le fils que lui a donné Lâla, Ivors, qui est au pouvoir, Coeuvre revient, porteur d'une vérité : la Fin de la société des hommes, c'est Dieu.
Ici, la construction de la Ville est une métaphore de la construction de soi, où les personnages symboliques qui s'opposent sont autant de facettes du moi multiple de Paul Claudel, ébranlé par sa conversion de la Noël 1886.
L'acte I montre une Ville dominée par la loi du marché et le positivisme du savant et qui ressemble aux villes maudites de la Bible. A l'acte II, la purification est représentée par la mort de Lambert et Besme et par la destruction de la Ville par Avare, et mène à l'avènement d'un ordre nouveau, à l'acte III. C'est Ivors, le fils du poète devenu évêque et de la femme volage qui incarne le mystère de la Grâce, qui établit la Ville idéale, communauté des humains conçue sur le modèle de l'Eglise.
Neiges se passe en Russie, il y a environ un siècle. Dans une cuisine où l'on prépare la dinde pour Noël, où l'on va de bols de lait en tasses de thé, de gâteaux en apéritifs, de miel en liqueur, il est question d'amour. Anne Akimovna, patronne d'usine, voudrait absolument se marier. Elle aime un de ses ouvriers aux mains sombres et fortes. Mais lui ne le sait pas. Macha, la servante d'Anna, aime le domestique Micha.
Lui le sait, mais ne veut pas le savoir. Les deux tantes d'Anna, Varvara et Tatiana, ont aimé. Leurs hommes ne sont plus là, mais leur désir est vif et leur appétit encore réel. La cuisinière Agafia n'a pas vraiment le temps d'aimer : entre la dinde à plumer, les oeufs à aller chercher et la vodka à taquiner. La Cafarde, étrange femme de passage, elle, porte ses désirs sur la viande grasse et la magie amoureuse.
Un dernier homme traverse cette cuisine : Lyssevitch, comptable citant Maupassant et laudateur de l'amour volage. Il ne sera que de passage. Comme de trop. Ce théâtre écrit aujourd'hui, inspiré par une nouvelle de Tchekhov, écrite il y a près d'un siècle, touche au point sensible de notre âme. Cet endroit où le plein du désir sait en tremblant qu'il ne trouvera que du vide. Entre le plein des déclarations, des intentions, des désirs et le silence des échecs, les voix proclament, les mains s'agitent, les coeurs s'emballent, les corps remuent l'air de la vie, incessamment.
Charles Tordjman.
Une pièce en cinq actes, vraisemblablement écrite en 1611. Le titre sous-entend : histoire à raconter au coin du feu. Histoire de l'apparition du mal dans les rapports humains, de la jalousie, des divisions, des souffrances, des discordes, du triomphe final de la paix.
Sur la côte Est des Etats-Unis, vivent un riche homme d'affaires américain, Thomas Pollock Nageoire, et Lechy Elbernon, une actrice. Un jeune couple désargenté, Louis Laine, métis d'Indien, et Marthe, son épouse, sont les gardiens de leur propriété.
Louis trompe Marthe avec Lechy Elbernon. De son côté, Thomas Pollock convoite Marthe que Louis "échange" contre une liasse de dollars. Le chassé-croisé amoureux se termine mal. Louis décide de partir, abandonnant Marthe et Lechy Elbernon. Celle-ci fait assassiner son amant et incendie la maison de Thomas Pollock, ainsi ruiné. Lechy s'écroule ivre-morte sur le sol, tandis que la sage Marthe accepte la main tendue de Thomas Pollock.
Première (1892) et deuxième (1901) versions en un volume en 1977. Notes de Jacques Petit