Au travers de deux voyages aux Etats-Unis, Marc Monaco va déborder son statut de touriste pour affrontrer la question de la disparition de l'utopie et de l'ailleurs dans une société occidentale désormais orpheline de deux des grandes réponses qu'elles avaient produit à la fin du second millénaire : le socialisme et le rêve américain.
Littoral Marseille, du nom des stations de bus qui, dans les quartiers nord, jalonnent le bord de mer : Littoral Beauséjour, Littoral Mourepiane, Littoral Fenouil, Littoral Sacomane, Littoral Pas du faon... dans un paradoxe inouï car si on peut longer la mer sur 20 km, de l'Estaque à la plage du Prado, on la voit peu ... Au sud, il faut passer sous des portiques et parcourir des ruelles secrètes pour apercevoir des criques bleues et des maisons somptueuses. Au nord, il faut traverser des ronds-points, des embranchements d'autoroute, longer le port absolument interdit pour espérer découvrir une trouée à travers les grilles et les bateaux. Car la mer, à Marseille, n'est pas centrale. Le centre, c'est le Vieux-Port et la Canebière, non pas le Chemin du littoral dissimulé sous une autoroute. C'est ce paradoxe qu'Elise Llinares a exploré. Et photographié avec en tête cette phrase de Cendrars comme fil conducteur : « Marseille est une ville selon mon coeur. Tout y semble perdu et, réellement, cela n'a aucune espèce d'importance ». Une photographie argentique, au moyen format, pour transcrire la tension lente, parfois désolée, de cet espace souvent déserté. Un paradoxe que Michel Peraldi, anthropologue au CNRS, décrypte dans un texte engagé et très personnel pour déconstruire les mythes marseillais et plaider pour un usage retrouvé du littoral et de la mer.
Ce livre nous accompagne dans une véritable conversion du regard posé sur l'ordre métropolitain. Il nous propose une plongée au coeur de réalités qui le minent, le débordent et lui résistent en habitant ses bords : la vie de quartier, cet esprit insaisissable qui troue les grands plans unificateurs de l'urbanité.
Les récits qui nourrissent cette double enquête sont géographiquement situés sur deux territoires marqués par une singularité radicale (les Murs à Pêches à Montreuil et Saint-Léonard à Liège), mais ils résonnent avec les réalités vécues par celles et ceux qui, par leurs expériences, pensent les rapports de pouvoirs associés à la transformation des villes.
Les trois auteurs sont membres du Groupe Recherche Action.
Ce livre parle de notre voisin de palier, de la femme au comptoir ou derrière le guichet ; il parle de nous, de notre monde ordinaire, avec nos mots, ceux de tous les jours. Des mots qui ne prennent pas de gants, directs sur ce monde banal et cruel. Rien de spectaculaire, rien que l'ordinaire.
Mais des drames, des gens qui craquent ou qui meurent, sans que ralentisse le cirque infernal, «comme si de rien». Ceux qui parlent, d'ailleurs, étaient à fond dans le circuit, jusqu'au pépin. Quelque chose est arrivé qui les a mis hors course, les yeux dessillés.
C'est ce moment de la prise de conscience, quand ils envisagent leur compromission dans le système néolibéral à s'en rendre malade, que Lise Gaignard saisit ici sur le vif.
(extrait de la préface de Pascale Molinier)
Le Groupe de travail de psychothérapie et de sociothérapie institutionnelles (GTPSI) s'est réuni à 14 reprises entre 1960 et 1966 autour de Jean Ayme, Roger Gentis, Félix Guattari, Jean Oury, François Tosquelles notamment.
Les "Actes du GTPSI", jusqu'ici inédits, restituent l'intégralité de leurs échanges, qui sont autant de récits - mais au présent de l'indicatif, et à la première personne - de l'histoire de la psychothérapie institutionnelle en train de se faire. Le vol.2 laisse une large part aux problématiques (pratiques, analytiques, cliniques, scientifiques) liées à la fondation d'un groupe de travail.
Le débat sur la thématique de l'argent y prend pour objets la question du pécule et de la rémunération du travail des malades, il place ces questions sur un plan éthique de soin, et pose quelques repères cliniques sur les pratiques observées sur le terrain.
Cette séance balaye le projet d'organiser le groupe autour de textes préalablement écrits : elle embraye sur une toute autre modalité d'écriture et sur la recherche active de concepts opératoires dans un milieu institutionnel.
Dans le vol. 3, quatre exposés prennent pour cadre les institutions psychiatriques :
- Jean Ayme parle de la fantasmatisation des réunions de thérapeutes par des malades, - Roger Gentis, des psychothérapies individuelles et des phénomènes de groupe, - Jean Oury, de la psychothérapie multiréférentielle, - et Horace Torrubia, de la culpabilisation du malade et du contre-transfert du personnel soignant.
Les débats avec François Tosquelles, Robert Millon, Jean Colmin, Yves Racine, Michel Baudry et Gérard Wajeman évoquent de nombreuses situations cliniques afin d'y déchiffrer les logiques à l'oeuvre.
Comment faire de l'hôpital un milieu soignant ?
Entre analyses sociologiques et approches médicales, les outils de la psychanalyse tels le fantasme et le transfert sont mis à l'épreuve dans les collectivités thérapeutiques.
« Quand, d'outre-Atlantique, nous reviennent les onze symptômes de premier rang de Kurt Schneider sous forme de liste de onze définitions qui passent à la machine, cela donne le DSM-III. À tel point qu'on est capable, de plus en plus, de faire un diagnostic d'après la liste, en cochant les «plus», «moins», «zéro» d'un questionnaire... Cela ne coûte pas cher - mais alors là, c'est de la «science»?: on n'en est plus à faire de la phénoménologie ou je ne sais quelle psychanalysette... On fait des scanners et on répond aux questions de l'Internationale nosographique...
Ceci pour aller non pas à contre-courant, mais pour continuer une sorte de chemin, comme ça, un peu comme les vendeurs de salades et de citrons qu'il y avait dans les rues de Paris, avec une petite charrette que je continue de pousser, où il y a des «symptômes primaires», soi-disant. Bien sûr qu'il faut fouiller au fond?: on ne les trouve pas, comme ça, en surface?! Alors, je me posais la question de savoir de quel lieu, de quel belvédère, si je peux dire, à partir de quoi on peut «voir» des symptômes primaires. Et la réponse, il me semble, est qu'on aura beau chercher des sites et des belvédères, explorer le monde entier... On ne verra rien du tout. Autrement dit, cela ne se voit pas. Et à la limite, cela ne s'entend pas non plus. Est-ce pour autant une abstraction??? » (Mai 1985).
Le Groupe de travail de psychothérapie et de sociothérapie institutionnelles (GTPSI) s'est réuni à 14 reprises entre 1960 et 1966 autour de Jean Ayme, Roger Gentis, Félix Guattari, Jean Oury, François Tosquelles notamment.
Les "Actes du GTPSI", jusqu'ici inédits, restituent l'intégralité de leurs échanges, qui sont autant de récits - mais au présent de l'indicatif, et à la première personne - de l'histoire de la psychothérapie institutionnelle en train de se faire. Le vol. 1 comprend le rapport du Dr Oury sur "L'établissement psychiatrique comme ensemble signifiant", qu'il propose comme base pour dégager, à partir des outils d'analyse de la langue, des concepts pour penser l'investissement du milieu institutionnel par les malades et les personnels, pour pouvoir en faire un milieu soignant...