Lorsqu'une société souffre d'une façon qu'elle ne parvient ni à expliquer ni à soigner, elle se met à persécuter un bouc émissaire ? et c'est d'abord en ce sens que nous parlons d'une « pharmacologie du Front national ». Mais s'il est vrai que les 37 % de Français qui déclaraient partager les idées du Front national quatre jours avant l'élection de François Hollande souffrent d'une maladie qui frappe l'époque tout entière ? souffrance qui les pousse à chercher des exutoires à cette maladie qui n'est pas seulement la leur, exutoires qu'ils trouvent dans ceux qu'ils désignent comme boucs émissaires ? , la pharmacologie du Front national est aussi ce qui consiste à analyser les raisons pour lesquelles la plupart du temps, ceux qui prétendent combattre cette maladie et ses effets, et ses effets en particulier sur les électeurs ou les sympathisants du Front national, désignent ces derniers eux-mêmes comme des boucs émissaires, se dédouanant ainsi de lutter contre la bêtise, contre la leur en propre et contre ses causes, et désignant en général dans ces boucs émissaires-là à la fois les représentants typiques et les causes de la bêtise de l'époque. Faire en sorte que celui qui souffre et qui est malade soit accusé d'être la cause de sa maladie, et de contaminer les autres telle une brebis galeuse : tel est le mécanisme de désignation du bouc émissaire que les électeurs et sympathisants du Front national partagent avec ceux qui les traitent à leur tour comme des boucs émissaires. Et telle est leur commune bêtise.
Cet essai est suivi du Vocabulaire d'Ars Industrialis, écrit par Victor Petit.
Adaptation Studio Flammarion. Graphisme : Atelier Michel Bouvet
La connaissance de la vie aujourd'hui présente la pensée de Jean Gayon, philosophe majeur des sciences en France et reconnu outre-Atlantique, tout particulièrement pour ses travaux en philosophie et histoire des sciences de la vie.
L'ouvrage traite des rapports entre philosophie et histoire des sciences, et des principales questions d'histoire et de philosophie de la biologie qui ont jalonné l'itinéraire intellectuel de Jean Gayon : Darwin, la biologie évolutive, la génétique et la biologie moléculaire, l'évolution humaine et divers aspects des rapports entre biologie et société à l'époque contemporaine (racisme, eugénisme, biotechnologies, biomédecine).
Jean Gayon offre des synthèses personnelles, en réponse aux questions que Victor Petit lui adresse sans concession. Cette démarche associe rigueur scientifique et prise de risques dans des réponses qui vont à l'essentiel.
Victor Petit n'a pas encore 20 ans quand les Allemands envahissent la France. Diplômé de l'Ecole Nationale Professionnelle d'Armentières en juillet 1938, il fabrique des pièces d'avion chez Breguet Aviation à Vélizy-Villacoublay quand l'usine est menacée et qu'il reçoit l'ordre de détruire une partie du matériel et évacuer les prorotypes du Be 482. Il traverse avec des camarades la France à vélo pour rejoindre Anglet puis l'Angleterre. Le navire est détourné et accoste finalement au Maroc. Suivant le convoi Breguet, Victor gagne l'Algérie par voie ferrée. Sur place commence pour lui la vie d'expatrié. Il trouve rapidement du travail avant que les chantiers de jeunesse puis le débarquement de novembre 42 ne le poussent à s'engager dans l'armée de l'air et à se porter volontaire pour former les rangs du tout jeune 1er RCP. Entraînement, brevet de parachutiste et Cherchell le mèneront à un court passage au SR du BCRA puis à retrouver le régiment en Sicile. Blessé au cours des durs combats des Vosges d'octobre 44, sa convalescence s'achèvera à l'hôpital Bellan à Paris.