A n'en pas douter, la naissance et le développement de la justice constitutionnelle comptent parmi les mutations les plus profondes flue les démocraties européennes ont connues au cours du siècle passé.
Pourtant, l'histoire de cette institution demeure encore mal connue ; surtout sur le vieux continent où son apparition est relativement tardive. Le présent ouvrage vise à combler cette lacune, en jetant un éclairage nouveau sur la genèse intellectuelle du contrôle de constitutionnalité des lois. Plus précisément, il examine la manière dont cette institution a été pensée et débattue par les professeurs de droit public français et allemands de l'entre-deux-guerres.
Dans une perspective propre à l'histoire des idées, l'accent est mis sur les argumentaires scientifiques et politiques développés par les constitutionnalistes des deux pays. Les controverses doctrinales sont en permanence replacées dans leur contexte historique et juridique, ce qui permet d'en éclairer la portée stratégique. Il apparaît notamment que la justice constitutionnelle n'a pas été conçue de la même manière en France et en Allemagne.
En outre, au sein mente de chaque pays, le contrôle de la loi a fait l'objet d'appréhensions diverses et a été prescrit pour des motifs politiques parfois contraires. Toutefois, pour la période étudiée, la promotion d'un contrôle juridictionnel puissant fat tendanciellentent solidaire de conceptions et d'intérêts politiques conservateurs. Inversement, les juristes les plus progressistes se sont souvent montrés sceptiques, voire critiques à l'égard du juge constitutionnel.
Le débat étudié s'apparente donc largement à une forme de lutte politique, dont le principal enjeu est de définir les sources du droit constitutionnel en régime démocratique et libéral. La question du contrôle des lois apparaît, in fine, comme un terrain privilégié où s'affrontent les conceptions substantielle et procédurale de la démocratie - c'est-à-dire comme un enjeu central de la théorie politique moderne.
Au-delà de l'approche classique et purement juridique par le droit comparé et l'étude des droits étrangers, l'ouvrage privilégie une approche pluridisciplinaire élargie, associant des juristes, des linguistes, des traductologues et des didacticiens autour d'une même thématique : la question des langues et des langages juridiques. La dimension pluridisciplinaire implique une attention particulière portée à l'accessibilité des idées présentées. Autant que possible, les contributeurs ont ainsi conçu leurs textes dans le but de s'adresser à un public élargi, composé notamment de spécialistes de disciplines et de domaines variés (droit, langues, traduction ou traductologie, par exemple). Le plus souvent, les contributions sont non seulement fortement ancrées dans la spécialité de l'auteur, mais font également l'effort d'établir des ponts avec les disciplines connexes, l'objectif étant d'ouvrir le dialogue entre les disciplines qui s'intéressent à la langue juridique.
Cet essai retrace l'histoire de la théorie de l'État (Qu'est-ce qu'un État ? Quelles sont ses prérogatives ?) dans la République fédérale allemande. Il montre que l'on ne peut comprendre le développement de cette discipline sans analyser les processus sociaux, notamment dans le contexte européen ou dans celui de la mondialisation. L'auteur du texte original, Christoph Möller (né en 1969), est un juriste allemand, professeur de droit public et de philosophie du droit à l'Université Humboldt de Berlin. Le texte est traduit et présenté par Renaud Baumert, professeur de droit public à l'Université Lille II.