«À Naples comme à Venise, dans le cercle amical de Nil Kolytcheff, tout va bien : Nathalie et sa jeune amante Lioubov projettent de se marier au consulat de France à Rome ; le premier long métrage de Mathilde, Les Pantoufles de Don Alfonsetto, reçoit un accueil enthousiaste de la critique italienne ; le bruit court que le hiéromoine Guérassime sera prochainement sacré évêque. Quel est le secret de famille qui, découvert par Nil, perturbe cette harmonie ? Quelle est la véritable raison du suicide de son cousin Cyrille ? Quel rôle a, sous l'occupation allemande, joué dans leur famille le Hauptsturmführer SS Aloïs Brunner ? Quels sont ces péchés d'autrui dont soudain l'insouciant Nil porte le poids ?».
Gabriel Matzneff.
Angiolina, une adolescente de quinze ans, est la figure centrale de ivre du vin perdu.
, mais cette histoire d'un amour fou est aussi le roman du cynisme et de la drague, et les libertins frénétiques et désabusés que sont le banquier rodin et l'oisif kolytcheff y sont décrits dans leur scandaleuse vérité.
Des hommes sensuels, des lycéennes amoureuses, des petits garçons complices, des mères menaçantes (pléonasme), le jardin du luxembourg mais aussi ceylan et les philippines, le temps qui passe, la mort qui s'approche doucement, ivre du vin perdu est un roman passionné et impudent, nostalgique et endiablé.
Un diable dans le bénitier est le testament spirituel d'un franc-tireur qui persiste à être soi-même, demeure fidèle à ses passions dans une société où les interdits se multiplient ; qui défend ses idées et pourfend ses adversaires avec la fougue d'Athos embrochant les gardes du cardinal.
Ces adversaires, qui sont-ils ? La social-démocratie qui, au pouvoir en France pendant cinq ans, n'a pas eu le courage de voter une loi sur l'euthanasie, le suicide assisté ; la droite française prétendue catholique qui laisse ses églises vides, n'observe pas le jeûne du carême pascal, mais a le culot de décrier les mahométans qui font le ramadan et réclament de nouvelles mosquées ; les politiciens français qui, traîtres à la traditionnelle amitié franco-russe, se conforment servilement à la désastreuse politique étrangère des États-Unis ; les super-patriotes qui rêvent d'abolir le droit du sol ; l'imbécilité puritaine, cafarde, qui ne cesse d'étendre son ombre sur la planète.
Surtout, dans cet essai brûlant, Gabriel Matzneff déroule ses amitiés, ses admirations, ses amours. « Créer, écrit-il, c'est faire sortir de sa cachette le diable qui est tapi dans notre propre coeur. »
« Cohorte fort singulière, en vérité : Byron et Schopen- hauer caracolent en tête, suivis dans le désordre du cardinal de Retz, de Dostoïevski, Nietzsche, Alexandre Dumas et quelques autres, sans oublier un gros batail- lon d'auteurs latins. Le livre de toute une vie. Une oeuvre «matznévissime» et la plus brûlante des déclarations d'amour à la littérature. » Bernard Le Saux, L'Événement du jeudi.
« Un des secrets de Matzneff, c'est que le grave s'y mêle au léger et le comique au tragique. La contradiction est son dieu, autant que le plaisir. C'est un sauteur latiniste, un intellectuel, un diététicien métaphysique. Il sert avec éclat la cause des lettres classiques et de la langue fran- çaise. » Jean d'Ormesson, Le Figaro littéraire.
Sur ce boulevard qui traverse les cinquième, sixième et septième arrondissements de Paris, Gabriel Matzneff rencontre saint Germain, Giacomo Casanova, les lycéennes de Fénelon, l'empereur Julien, Jean-Paul II, les trois mousquetaires, Giorgio Armani et bien d'autres encore ; il nous amène au restaurant, à l'église, à la piscine, à l'hôtel, au cinéma, dans des jardins, chez des libraires...
Ce récit où le présent mêle ses eaux à celles du passé, où alternent les scènes croquées sur le vif et les souvenirs, où la vie intime de l'auteur s'amalgame à l'histoire du Quartier latin, constitue à la fois des mémoires et un guide à l'usage du touriste : un genre littéraire hybride, mais, en définitive, extrêmement romanesque.
La diététique, ce ne sont pas seulement les régimes alimentaires qui furent, dès son adolescence, une des obsessions de lord byron, mais aussi sa philosophie de l'existence, et son art de vivre : le comportement qu'avait en face de l'amour, de la création littéraire, de la société, de dieu, ce pessimisme allègre, cet égoïste généreux, ce gourmand frugal, ce septique passionnée, ce grand seigneur nonchalant qui fut un révolutionnaire actif, ce nordique fasciné par l'orient, ce tempérament de droite aux idées de gauche, ce pédéraste couvert de femmes, ce disciple d'epicure qu'habitait la peur de l'enfer chrétien, cet adversaire de l'impérialisme qui vénérait napoléon, ce suicidaire amoureux de la vie, cet ami des turcs qui est mort pour la liberté du peuple grec, ce poète à la réputation sulfureuse et au coeur pur.
Les livres sont écrits, les amours qui en furent les inspiratrices se sont apaisées, Gabriel Matzneff, toujours prompt à s'enflammer telle l'étoupe, s'ennuie. Cette vie calme ne correspond pas à l'idée qu'il se fait du bonheur. Certes, après l'avoir longtemps ostracisé à cause de ses moeurs réputées peu orthodoxes, la société lui décerne en 2013 le prix Renaudot pour un essai ; en 2015, le prix Cazes pour son neuvième et dernier roman ; mais ces tardifs lauriers, même s'ils lui font plaisir, ne sont pas des remèdes à la mélancolie. Son désir d'ivresse réclame une liqueur bien plus forte.
Le 17 février 2014, dans une ville de province, une lycéenne fait irruption dans sa vie. L'année suivante, quand elle arrive à Paris, s'inscrit à la fac, ils deviennent amants. Elle a dix-neuf ans, lui soixante-dix-neuf. C'est la jeune Moabite du Booz de Victor Hugo. Leurs amours ne dureront que quelques mois, mais elles rendent à Gabriel Matzneff allégresse, confiance en son pouvoir de séduction, goût de son destin.
Ce sont des années où, pris dans un mouvement incessant, il voyage beaucoup, surtout en Italie : Bordighera, Rome, Zagarolo, Trieste, Venise, Naples, escorté par ses éternels compagnons de route : Horace, Galiani, Casanova, Schopenhauer, Byron.
De l'aventure, des réflexions politiques, une somme d'observations sur les jeunes filles, un goût très sûr pour la langue française, un christianisme solaire vécu comme l'héritage d'Apollon et de Dionysos, le dandysme élevé au rang de philosophie : pour Gabriel Matzneff, le journal intime, c'est la vie à bout portant.
Le général de Gaulle règne sans état d'âme sur une télévision aux ordres.
A la veille de la première élection présidentielle au suffrage universel de la Ve République, le jeune Gabriel Matzneff, frondeur et partisan de François Mitterrand, ferraille sans trêve contre le pouvoir, persifle la bêtise des divertissements dont celui-ci ahurit le peuple. Un bouquet de joyeux duels qui, en 2012, n'a rien perdu de son actualité politique, libertaire.
« La liberté n'est jamais acquise, elle est une perpétuelle reconquête. Quand je vois l'imbécile «nouvel ordre mondial» prôné par les pharisiens glabres d'outre-Atlantique et les excités barbus d'Arabie (qui, les uns et les autres, prétendent régenter nos moeurs, nous dicter ce que nous devons penser, croire, écrire, manger, fumer, aimer) étendre son ombre sur la planète, j'ai l'impression d'avoir labouré la mer, écrit et agi en vain. Pourtant, je m'opiniâtre. Qu'il s'agisse de la résistance au décervelage opéré par les médias, de la résistance aux sales guerres de l'impérialisme américain, de la résistance à l'omniprésente vulgarité des mufles, de la résistance aux prurigineux anathèmes des quakeresses de gauche et des psychiatres de droite, Séraphin, c'est la fin !, où sont assemblées des pages écrites de 1964 à 2012, témoigne que je demeure fidèle aux passions qui ont empli ma vie d'homme et inspiré mon travail d'écrivain ; que, jusqu'au bout, je persiste dans mon être. »
La suite de la correspondance par e-mails de l'écrivain dans laquelle sont abordés les thèmes de l'amour, de la révolte, de la passion de la beauté, de l'art et de la religion, de la maladie ou de la mort.
Ce furent des camarades de régiment qui me donnèrent ce surnom de Gab la Rafale ; quant aux émiles, c'est ainsi qu'un de mes personnages, Alphonse Dulaurier, baptise le courriel des souverainistes, l'e-mail anglo-saxon. Ce livre est le premier pour lequel je n'aurai noirci ni carnet, ni cahier, ni feuilles volantes ; utilisé ni crayon, ni porte-plume, ni stylo ; dont il n'existe aucun manuscrit. C'est mon premier bébé de l'ère virtuelle, mon premier bébé électronique. Les Émiles de Gab la Rafale sont aussi le premier livre où les mots jaillis de mon coeur et de mon cerveau, les soubresauts de mon humeur volage, sont datés à l'heure, à la minute près : ce n'est pas un livre, c'est un électrocardiogramme, un sismographe. Je l'ai baptisé roman, en songeant à mon infortuné ami Hervé Guibert qui avait ainsi appelé ses Mémoires, et surtout parce que cette vie bariolée, contrastée, me semble aussi romanesque que la plus ingénieuse des fictions.
G. M.
Que vous rompiez avec votre maîtresse ou qu'elle vous quitte ; que vous demandiez le divorce ou que votre femme se sépare de vous ; que vous vous fâchiez avec un ami ; qu'un objet qui vous est cher vous soit volé ; que, goinfre, vous vous soumettiez à une règle diététique ; que, mondain, vous entriez au monastère ; que l'un de vos proches meure ou que ce soit vous qui vous apprêtiez à basculer dans la trappe, vous n'échapperez pas à l'épreuve de la rupture.
Dans la vie, tout est rupture. soyez prêt.
«Ce livre aurait pu s'intituler La conversion de Don Juan. On y assiste en effet à la métamorphose d'un homme. On y voit un libertin renoncer à sa vie dissolue, pécheresse, et, grâce à l'amour d'une jeune fille, se transformer en ce qu'il croyait ne plus jamais pouvoir être : un amant fidèle, irréprochable.
Comme la jeune fille - une beauté fatale aux yeux bleus et aux cheveux blonds - n'a que quatorze ans, et que nos amants ont à leurs trousses une meute de citoyens vertueux, un délateur anonyme et la Brigade des mineurs, ils doivent pour s'aimer braver bien des périls.» Gabriel Matzneff.
« Entre les créateurs de la trempe de Matzneff et les rabougris mentaux, fétichistes de l'actualité, il y a la même différence qu'entre les jeunes princes mongols de la cour de Gengis Khan et les évêques gâteux de l'Église de Rome. Par la gloire lente de ses pudeurs, par sa respiration calme et ses éclairs, Comme le feu mêlé d'aromates est, à lui seul, beaucoup plus important que l'ensemble de la pensée dite philosophique en France depuis la Libération. » Dominique de Roux.
«Voici l'archange de l'amour fou ! Il aime les filles, les garçons et le dieu des Russes. Se foutre dans un livre de Matzneff, c'est ouvrir les fenêtres. Il est très "écrivain", et c'est pas à la mode. Qui ose dire : "Moi, l'artiste" ?
Matzneff le dit. Matzneff parle de l'art. Les autres disent "l'art est mort", et s'ingénient à le tuer. Matzneff parle des passions. Quand Matzneff a des ennuis avec les Moeurs, personne, chez les cerveaux écrivants, se casse le baldaquin pour le défendre. Matzneff serait-il d'une autre planète ?
Y a de ça. Il porte une grande cape blanche et avance légèrement au-dessus du sol. Les pères ne peuvent pas aimer Matzneff ! Les mères non plus. Ça vole trop haut, Matzneff, c'est pas d'époque ! Ah, les temps sont durs pour les archanges ! Si vous avez des chérubins chez vous, offrez-leur Matzneff.» Victoria Thérame, Charlie Hebdo