Edmonde Charles-Roux Oublier Palerme Babs est une jeune femme comme il en existe beaucoup, à New York, dans la presse féminine. Rédactrice à Fair, un magazine de grand prestige, Babs ne semble se soucier que de sa réussite professionnelle. Etre efficace est sa préoccupation constante, aussi navigue-t-elle avec succès dans un petit monde journalistique où l'arrivisme est l'unique loi.
Société redoutable aux yeux de Gianna Meri, une amie de Babs, elle aussi rédactrice à Fair, une jeune Palermitaine qui a quitté sa ville et son île écrasées sous les bombardements et les horreurs de la guerre de 1944. Gianna, comme beaucoup de Siciliens et de Siciliennes, est venue à New York refaire sa vie. Mais la société new-yorkaise l'épouvante et elle ne réussit pas à se couper de son passé. Sa rencontre avec Carmine Bonnavia, lui aussi Sicilien et fils d'émigré, donne au séjour américain de Gianna une dimension nouvelle, bien que Carmine comme Babs n'ait d'autre désir en tête que celui de réussir une carrière politique. Il vise la mairie de New York. Pense-t-il parfois à la terre de ses ancêtres ? Cette Sicile lointaine est-elle encore un peu sa patrie ? Carmine le dénie et affirme qu'il n'a d'autre patrie que l'Amérique. Mais Palerme est de ces Atlantides qui se laissent difficilement oublier et la suite de ce roman le prouve amplement. Un jour, après son mariage avec Babs, tout bascule pour Carmine Bonnavia et la Sicile parviendra à reprendre ce fils perdu.
Fresque colorée, puissante, véritable chant de l'exil sicilien, Oublier Palerme, premier roman d'Edmonde Charles-Roux, a obtenu le prix Goncourt en 1966.
Elle s'appelait Gabrielle et elle allait révolutionner l'allure des femmes. On la surnomma Coco puis Mademoiselle Chanel, consacrant ainsi une icône de la mode au xxe siècle. Edmonde Charles-Roux, romancière, présidente de l'Académie Goncourt, est partie à la recherche de cette femme singulière, séductrice, artisane, femme d'affaires et visionnaire. Elle retrace ses débuts de modiste, son ascension vertigineuse, nous dépeint ses proches, ses amies, ses amants, nous révèle ses sujets d'inspiration, nous montre toute son audace créatrice. Elle recrée aussi toute une époque en évoquant la condition des femmes, les moeurs et les modes, et s'attache aux grandes figures de la vie artistique et littéraire. Elle dresse ainsi une galerie de portraits saisissants : Jean Cocteau, Diaghilev, Colette, Misia Sert, Paul Morand... tous ont croisé la route de Coco Chanel. Une somme de photographies inédites, de dessins de mode et de magnifiques portraits signés Horst, Irving Penn, Cecil Beaton illustrent cette fresque consacrée à un temps unique : le temps Chanel.
Les incertitudes de la vie en Europe Centrale ont fait d'Ulric Muhlen, gentilhomme tchèque, un officier dans l'armée allemande.
La seconde guerre mondiale en fera un envahisseur peu convaincu, puis un vainqueur sceptique.
C'est à Paris qu'il rencontre Adrienne. Qui est cette femme ?
Elle est belle, libre, indépendante et son talent de couturière lui confère une grande renommée. Ulric l'aimera de passion mais jamais il ne parviendra à percer son mystère.
Serge, le neveu d'Adrienne, en sait-il davantage ? Lui aussi éprouve pour elle un sentiment proche de l'amour. C'est Adrienne qui l'a conduit à Marseille par les routes bouleversées de l'exode et c'est là qu'elle l'a laissé. Et c'est le silence. Serge ressentira douloureusement « la trahison » d'Adrienne alors que ses dix-sept ans se rebellent et l'inclinent vers la Résistance. Double histoire d'amour, Elle, Adrienne est aussi une véritable biographie d'une Europe disparue :
Celle des années 40.
En 1899, Isabelle Eberhardt débarque sur la terre africaine. Durant les quatre années qui lui restent à vivre, « entrée en nomadisme comme on entre en religion », la jeune femme va inlassablement parcourir le Maghreb, s'enfonçant dans les déserts, prenant tous les risques, provoquant l'indignation des colons aussi bien que l'admiration d'un Lyautey...
Etait-elle une insoumise ? une aventurière ? une mystique attirée par l'Islam ? En romancière pénétrante, fascinée par son personnage, Edmonde Charles-Roux nous fait à merveille sentir les richesses de cette prodigieuse personnalité. Autour de son héroïne, elle déploie les décors grandioses, les traditions, les scandales aussi de cette Algérie coloniale, où sont déjà perceptibles la révolte et la passion religieuse qui ont, depuis lors, tragiquement écrit son histoire.
Un éblouissement. Une formidable fresque qui a l'exactitude de la biographie et le souffle puissant du roman.Josette Alia, Le Nouvel Observateur.
La Sicile du début du siècle, ses palais, ses jardins, ses fêtes, ses moeurs qui semblent plonger dans un passé fabuleusement éloigné, sa splendeur et sa folie, voilà qui nous est restitué dans ce livre unique, écrit par le duc Fulco di Verdura en son âge avancé, moins pour faire oeuvre littéraire que pour conserver dans le souvenir une époque à jamais révolue.
Edmonde Charles-Roux a mis toute sa connaissance de la Sicile et tout son talent de romancière à traduire et adapter quand il le fallait ce texte d'un délicieux anachronisme qui emportera le lecteur dans un monde drôle, savoureux, exotique. Il y apprendra comment on élevait un jeune aristocrate à Palerme avant la Première Guerre mondiale ; quelle impression mémorable causa l'arrivée d'un chameau dans la maison paternelle ; pourquoi et comment sainte Rosalie est devenue la patronne et protectrice de la capitale sicilienne ; quelle fonction symbolique était assignée aux cinq rangées de loges de l'Opéra ; et mille autres détails qui le plongeront dans ce même univers merveilleux où le prince de Lampedusa avait déjà puisé la matière de son {Guépard}. Quel plus beau voyage rêver que cette remontée capiteuse jusqu'aux temps où Palerme vivait les dernières heures d'une civilisation à nulle autre pareille et d'autant plus éclatante que les rayons du déclin la touchaient ?
Edmonde Charles-Roux ressuscite Don Juan d'Autriche (1545-1578), le bâtard de Charles Quint, avec élégance et pénétration. Elle reconstitue l'atmosphère d'une époque où les costumes, les ambitions, les passions rutilaient plus qu'aujourd'hui. Dominant sa documentation avec maîtrise, Edmonde Charles-Roux se fait successivement historien militaire, spécialiste des armes et des costumes, maître des cérémonies, théologien, mémorialiste, romancier d'aventures et d'amour.
Elle réussit particulièrement bien ses « grandes scènes » : la bataille de Lépante ; l'entrevue entre Don Juan d'Autriche et une ancienne lavandière de Ratisbonne, Barbe Plumberger, qui est sa mère : « Une femme entra, lourde, la jambe courte, le sourcil épais, outrageusement fardée... » ; l'entrée de don Juan à Grenade, « coiffé d'un toquet de velours, orné d'une longue plume d'autruche que retenait une grosse émeraude ».
Edmonde Charles-Roux suit à la trace le mystère de ce bâtard qui remporta à vingt-six ans, sur les Turcs, une des plus grandes batailles de l'histoire, qui fut le premier chevalier de la chrétienté, qui faillit épouser deux reines. Elle nous donne le tableau le plus saisissant de ses derniers combats dans les Flandres, et enfin de sa mort, pendant la peste de Namur, dans un pigeonnier que l'on dut débarrasser de sa fiente et asperger de parfums.
Edmonde Charles-Roux Un désir d'Orient Le destin d'Isabelle Eberhardt (1877-1904) est longtemps resté auréolé de légende. Une origine russe, une fascination : l'Orient, une conversion à l'Islam... Un mythe à la Rimbaud.
Edmonde Charles-Roux a voulu percer le mystère et retrouver dans la légende la femme réelle. De patientes recherches au travers d'archives inédites lui ont permis de reconstituer, de la Russie des tsars à Genève et Marseille, de la diaspora anarchiste aux milieux littéraires, l'itinéraire d'une héroïne mystique, qui décide d'assumer complètement le destin qu'elle sent en elle, au tournant du siècle.
Une saisissante biographie par l'auteur d'Oublier Palerme, prix Goncourt 1966.
Edmonde Charles-Roux served as a nurse and a Resistance worker in World War II, before beginning a career as a journalist writing for Elle and Paris Match. For twelve years she was Editor-in-Chief of the French edition of Vogue. She has written another biography, Don Juan of Austria, and two novels, Elle, Adrienne and To Forget Palermo, which won the Prix Goncourt. Nancy Amphoux is the translator of many major biographies, including those of Tolstoy, Turgenev and Pushkin.
Mystérieuse pour les intimes, acharnée à effacer toute trace de son passé, de ses origines, de sa famille même, Gabrielle Chanel aura été tout au long de son existence une " irrégulière " dans une société conformiste, et peut-être ne faut-il pas chercher ailleurs le secret de sa prodigieuse réussite.
Suivant l'itinéraire inverse de celui qui l'avait menée à Elle, Adrienne, roman dont la célèbre couturière était l'inspiratrice et non le modèle, Edmonde Charles-Roux a d- déblayer une vie entière de mensonges ou d'aveux subtilement travestis pour nous montrer la fillette de forains cévenols, née par hasard à Saumur, l'orpheline oubliée dans un couvent de Corrèze, la petite pensionnaire des chanoinesses de Moulins, qui n'allait pas tarder à devenir " poseuse " dans un beuglant de la garnison, où elle chantait " Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro ? ". " Gomeuse " à Vichy, et même donneuse d'eau, celle à qui ses nombreux amis donnaient dès vingt ans son surnom devait faire son chemin. " Irrégulière ", certes - au sens équivoque et proustien du terme - mais toujours marginale, indépendante, ambitieuse, et déjà s-re de son destin d'exception. Il n'est guère d'hommes et de femmes célèbres qui ne l'aient approchée, si bien que sa vie se confond avec l'histoire de l'entre-deux-guerres. Cocteau, Picasso, Max Jacob, Reverdy, Misia Sert, son amie de toujours, Diaghilev, Stravinski, ils apparaissent tous ici car ils furent les intimes témoins de cette aventure extraordinaire.
À travers cette carrière mouvementée, Edmonde Charles-Roux raconte une femme unique, en même temps qu'elle trace la chronique des soixante-dix années de ce siècle. Ce portrait d'une célèbre inconnue est beaucoup plus qu'un portrait : l'épopée d'un roman vécu, et vécu comme un roman par son héroïne.
Que savait-on de cette jeune femme d'origine russe, née en 1877, morte en 1904, qui décida de se convertir à l'Islam et de rompre avec les moeurs de son temps ? Qui choisit, par goût de la transgression, de porter des vêtements d'homme avant de devenir, sous le nom de Mahmoud Saadi, cette rebelle qui fascina Lyautey, éprise d'absolu et proche du Rimbaud qui avait voulu, comme elle, se perdre dans un désert. Pour Edmonde Charles-Roux, il y avait là toute la matière d'un prodigieux roman vrai. A travers des archives inédites, elle a ainsi recomposé l'itinéraire tumultueux d'une héroïne "irrégulière" et mystique. Elle l'a suivie depuis sa naissance sur les rives du lac Léman jusqu'à l'instant où Isabelle accepte d'assumer le "désir d'Orient" qui la hante. On voit alors, dans une prodigieuse résurrection, toutes les figures dostoïevskiennes qui ont accompagné sa jeunesse et forgé son insoumission. De la Russie des tsars à Genève puis à Marseille, de la diaspora anarchiste aux milieux littéraires, de l'exil à la révolte, c'est toute une époque qui, soudain, se révèle dans la féconde effervescence d'un Occident qui va changer de siècle. Isabelle Eberhardt voulait écrire et se battre. Elle voulait tout vivre et tout connaître. Elle fera de son oeuvre un combat et, de sa vie, un chef-d'oeuvre.
Edmonde Charles-Roux ressuscite le bâtard de Charles Quint avec une finesse et une pénétration étonnantes.
Grâce à son don visionnaire, elle revit l'existence de son héros et reconstitue l'atmosphère d'une époque où les costumes, les ambitions, les passions rutilaient plus qu'aujourd'hui. Dominant sa documentation avec une maîtrise souveraine, Edmonde Charles-Roux se fait successivement historien militaire, spécialiste des armes et des costumes, maître des cérémonies, théologien, mémorialiste, romancier d'aventure et d'amour.
Elle suit à la trace le mystère de ce bâtard qui remporta à vingt-six ans contre les Turcs une des plus grandes batailles de l'histoire, qui fut le premier chevalier de la chrétienté, qui faillit épouser deux reines. Elle nous donne un tableau saisissant de ses derniers combats dans les Flandres, et enfin de sa mort, pendant la peste de Namur, dans un pigeonnier.
Ecrire est toujours une aventure.
J'imaginais celle-ci comme assez brève et sans véritables dangers. Quelques mois de travail au cours desquels j'allais renouer avec mon premier métier, ce métier de journaliste, celui qui m'avait occupée seize ans et qui consistait à utiliser l'image pour raconter des histoires vraies. Je croyais sincèrement que façonner un album de photos serait plus simple et moins douloureux que d'écrire une biographie, que je n'aurais, en somme, qu'à me laisser porter par les images et à leur obéir.
Le temps a passé ; les mois ; puis les années. Aujourd'hui, je regarde en arrière et je me vois, il y a trois ans, découvrant de fabuleuses archives. Les images de toute une vie de combat, de succès, d'heureuses rencontres, d'ardentes amitiés et d'amères désillusions. Je me vois sélectionnant les premières photos, les choisissant une à une, comparant leurs mérites. Il fallait à tout prix que chacune d'entre elles ait quelque chose de personnel, de précis à dire, si bien que je croyais n'avoir plus qu'à les accompagner de simples légendes.
Quelle illusion... L'écriture nécessaire, exigeante, une fois de plus m'imposa sa loi et il me fallut encore deux ans pour parvenir jusqu'au carrefour où textes et images s'affrontent, s'ajustent, se calent. Je n'en suis pas sortie indemne. J'ai été bientôt dépassée par un torrent d'images, de mots, d'émotions, qui ont gagné sur moi et sur le temps. C'est de ce torrent, joyeux parfois, qui balaie et emporte tout, qu'est né ce récit-photos : L'homme de Marseille.
Drôle de projet, il faut bien le dire. Raconter l'existence d'un homme dont j'ai partagé un grand pan de vie. Commencer tout simplement par une enfance heureuse, son enfance. Par ses parents. Par le grand mas épais où il est né et qui est demeuré longtemps un point d'ancrage. Dérouler ensuite la bobine de soie et de corde, l'étrange tapisserie d'une vie. Grâce à cet homme, comprendre une ville : Marseille.
L'amour d'une ville, d'un certain parler, d'une certaine lumière. Et à partir de cet homme, de cette ville, retracer une vie. Une vie de Français pas ordinaire. La vie d'un homme de conviction, l'histoire d'une certaine France. Cet homme, c'était Gaston Deferre.
Que savait-on, jusqu'à ce livre, de cette jeune femme d'origine russe, née en 1877, morte en 1904, qui décida de se convertir à l'islam et de rompre avec les moeurs de son temps ? Qui choisit de porter des vêtements d'homme avant de devenir, sous le nom de Mahmoud Saadi, cette rebelle qui fascina Lyautey, éprise d'absolu et proche du Rimbaud ? Pour Edmonde Charles-Roux, il y avait là toute la matière d'un prodigieux roman vrai. A travers des archives inédites, elle a ainsi recomposé l'itinéraire d'une héroïne « irrégulière » et mystique. Elle l'a suivie depuis sa naissance sur les rives du lac Léman jusqu'à l'instant où Isabelle accepte d'assumer le « désir d'Orient » qui la hante. On voit alors, dans une prodigieuse résurrection, toutes les figures dostoievskiennes qui ont accompagné sa jeunesse et forgé son insoumission. De la Russie des tsars à Genève puis à Marseille, de la diaspora anarchiste aux milieux littéraires, de l'exil à la révolte, c'est toute une époque qui se révèle dans l'effervescence d'un Occident qui va changer de siècle. Nomade j'étais couvre les années africaines d'Isabelle, jusqu'à sa mort, à vingt-sept ans. La voici confrontée à de multiples épreuves : la médiocrité du frère aimé Augustin ; son mariage avec Slimène Ehni, spahi algérien ; un procès ignoble qui l'expulse d'Algérie et la sépare de son mari. Mais elle revient vers la terre élue et, dès lors, « entre en nomadisme comme on entre en religion ». C'est à Aïn Sefra, où elle était en reportage, qu'elle trouva la mort un après-midi d'octobre 1904, engloutie dans les eaux d'un oued. C'est grâce au jeune lieutenant Paris, un des admirables personnages secondaires qui gravitent autour d'Isabelle et qui entreprendra de fouiller les décombres boueux, que ses manuscrits parviendront jusqu'à nous.