Un homme n'est pas tout à fait un homme, ni une femme tout à fait une femme. Les sexes ne sont pas des camps, ni des rives opposées. Les sexes passent l'un au travers de l'autre dans une nuit où les corps échappent aux attributs censés répartir les forces, les symboles, les fonctions ou les rôles.
Dans La Nuit des rois, Shakespeare célèbre la nuit carnavalesque des grands retournements. Toutes les évidences tombent. Surgissent d'autres vérités dont l'éclat trouble les miroirs. Hantise des puritains : que tout se réunisse, se mêle, se confonde, s'inverse. » Denis Podalydès.
Dans ce livre, Denis Podalydès mêle la vie intime au travail de l'acteur : moments de joie, de sérénité se trament avec la solitude, le vide, le trac, l'angoisse, et les instants de comédie... Il dit son admiration au metteur en scène Thomas Ostermeier. L'expérience des répétitions permet aux lecteurs de découvrir les coulisses d'un théâtre qui est la vie même.
Denis Podalydès dévoile dans Scènes de la vie d'acteur les secrets et les paradoxes du comédien. Des planches de théâtre au plateau de cinéma, voici la preuve obstinée et humble d'une expérience dont on mesure déjà la rareté. L'auteur se prend au jeu de son propre métier et prolonge la réflexion grâce à des notations concrètes sur le temps, le jeu, l'espace, la mémoire, l'incarnation
qui est au coeur même de son existence. Avec humour, avec aussi parfois beaucoup de gravité, de Paris à Moscou - où La Forêt d'Ostrovski est montée avec succès -, Denis Podalydès fait la preuve de son talent d'acteur et s'ouvre de belle manière à la littérature.
« Matamore : nous gardons le souvenir, la mémoire de ses gestes, de ses peines, de ses catastrophes. Plus rien n'en est visible, plus rien n'en résonne, tout est fumée comique, dispersion inconséquente. Il n'y a rien à en dire. Rien qui puisse donner l'équivalent de l'intensité, de la vie, de l'excès, de la folie où nous convièrent ses boursouflures, ses pannes et ses déroutes, ses palinodies et ses mensonges. Plus rien. Et pourtant nous avons vécu, comme rarement.
J'approche à tâtons de l'autre figure. Dans tout Matamore, il y a un matador. J'appelle Matamore ce désir de peur, de fuite, cet élan comique, violent, furieux, instable, incertain, affabulateur, qui me tient, me pousse, me fait travailler, avancer, reculer, m'encombre et me remplit, m'entrave et me libère. »