Ce livre permet de comprendre la raison d'être du groupement de textes en même temps qu'il démontre et illustre son utilité dans le projet pédagogique.
Que savons-nous des Pieds-Noirs ? L'origine même de ce nom se perd dans les anecdotes et les mythes. Et pourtant, dès qu'on les évoque, les idées reçues abondent : le Pied-Noir parle fort, est raciste, colonialiste, a fait suer le burnous, vote Front national... autant de clichés qui occultent une histoire douloureuse dont le slogan « La valise ou le cercueil » résume toute la violence et les traumatismes engendrés.
Loin des préjugés et des discours passionnés, cet ouvrage dresse un portrait de ces Pieds-Noirs souvent perçus comme Français... mais aussi vaguement étrangers.
Prenant des risques, allant à la rencontre des forces de l'ALN, approchant au plus près les heurts entre les communautés, suivant les voyages du général de Gaulle et les mouvements de liesse après les accords d'Evian, les jeunes talents de la prestigieuse Agence Magnum Photos ont porté leurs regards aiguisés sur une guerre qu'on appelait alors pudiquement les "événements d'Algérie".
Cet ouvrage présente les dernières années de la guerre d'Algérie, de 1957 à 1962, à travers les reportages de Kryn Taconis, Erich Lessing, Marc Riboud, Nicolas Tikhomiroff, Raymond Depardon... Il fallait que ces photographies exceptionnelles croisent le regard de l'historien : Jean-Jacques Jordi nous éclaire sur le contexte dans lequel ces reportages ont été réalisés. En interrogeant le photographe sur ses choix et la manière qu'il a eue de privilégier un événement plutôt qu'un autre, il nous permet de replacer ces événements dans l'Histoire et de mieux les comprendre.
" on ne voulait pas de nous.
Il y en a même qui voulaient nous jeter à la mer. " cette affirmation abrupte reste la phrase la plus communément admise et la plus fortement ancrée dans la mémoire des pieds-noirs, et c'est à marseille, plus qu'ailleurs, qu'elle se cristallise.
Rapidement, devant un accueil frileux à la générosité plus que mesurée, la ville phocéenne apparaît à ceux qui y débarquent comme un espace de rejet, un lieu où l'on se sent éclaté, dispersé, décharné.
L'événement traumatisme de l'été 1962 va accentuer la fusion des mémoires jetant l'opprobre sur une ville manifestement peu préparée au choc de la décolonisation. mieux, ce rejet de marseille se retrouve aussi parmi ceux qui n'y sont pas passés ! toutes mémoires écorchées qui se traduisent souvent par une violence des mots qui ont aussi l'accent de l'amour déçu dans ce lieu d'exil, désormais, plus que patrie retrouvée.